Le président américain qui devait ferrailler mercredi devant le Congrès pour essayer de convaincre sur son projet de reforme de la santé a soulevé le tollé dans son pays et pas que chez les républicains et conservateurs en s'adressant aux écoliers ! Le discours en question est un rituel aux Etats-Unis, baptisé “Back-to-school speech” (retour à l'école), mais avec le président démocrate et de surcroît noir, il a pris des allures d'affaire d'Etat. À tel point que l'ancienne première dame, Laura Bush, a dû prendre publiquement la défense du locataire de la Maison-Blanche. Obama, qui veut tout bousculer, a exhorté les élèves américains à travailler “avec acharnement”, en citant son propre exemple d'enfant “élevé par sa seule mère”. Un plaidoyer sur l'éthique du travail. Jusqu'ici rien d'anormal. Mais le ministère de l'Education a saisi l'opportunité du message du président pour suggérer que les élèves écrivent sur le thème “Comment aider le président” ! On se croirait dans une république bananière ! L'initiative n'est pas passée inaperçue, elle a suscité la colère des républicains. Il n'en a pas fallu plus pour que les républicains se saisissent du dossier pour fustiger une opération de bourrage de crâne partisan. Michael Leahy, porte-parole du groupe conservateur Nationwide Tea Party Coalition, n'a pas hésité à parler “d'endoctrinement pur et simple” et Jim Greer, président du Parti républicain de Floride, un homme influent au Congrès, s'est déclaré horrifié que les dollars du contribuable soient dépensés à répandre “l'idéologie socialiste du président Obama” dans les salles de classe américaines. Le grand site républicain Daily Beast s'est demandé si l'on ne devrait pas maintenir par principe “les chefs d'Etat en dehors des salles de classe”. Il s'est tout de même trouvé quelques républicains pour défendre Obama, à l'image de Ken Lopez Maddox, un modéré qui siège au conseil de plusieurs écoles en Californie, qui trouverait étrange que les parents d'élèves ne veuillent pas que leurs enfants écoutent ce que le président a à dire. En phase avec les critiques républicaines, des établissements du Texas ou du Minnesota avaient annoncé qu'ils ne diffuseraient pas le discours. Des parents ont annoncé qu'ils n'enverraient pas leurs enfants à l'école. Cette allocution est une violation du premier amendement sur la liberté d'opinion, a affirmé carrément la chaîne conservatrice Fox. Surpris par la violence des attaques, le secrétaire à l'Education, Arne Duncan, a jugé la polémique stupide. Les passages incriminés ont été par la suite retirés. Et à la Maison-Blanche, on a expliqué que le but d'Obama était d'obtenir un plus grand pourcentage de diplômés d'ici à 2020 et que l'idée de départ avait été de demander aux élèves comment ils pouvaient aider à atteindre ce but en se fixant leurs propres objectifs. Obama sait que dorénavant, il sera sous surveillance ; l'année de grâce est finie.