L'Expression: On reproche souvent aux présidents américains de trop s'impliquer dans les affaires étrangères au détriment des problèmes internes. En votre qualité d'élu local, partagez-vous cette lecture? Steven Rauschenberger: Les dernières élections parlementaires témoignent de l'échec des politiques au sommet du pouvoir. M.George Bush et son staff se sont trompés de voie. Ils n'ont pas eu toujours des réactions efficaces, ils accumulent les erreurs sur les dossiers internationaux, je peux citer les questions qui font l'actualité comme l'Irak et l'Afghanistan. Cela nous préoccupe énormément aux Etats-Unis, qu'on soit républicain ou démocrate. C'est vrai qu'en ma qualité d'élu local, je me sens plus proche des citoyens de ma circonscription (l'Etat de l'Illinois), parce que je suis en contact permanent avec eux, sensible à leurs préoccupations, et collé à leur vie quotidienne. Cela amène les sénateurs d'Etat à mettre de côté leurs convictions partisanes en s'inspirant d'une idéologie basée sur leurs expériences personnelles. Les élections américaines ont reflété l'option des électeurs pour le pôle démocrate. Comment expliquez-vous ce revirement? Dans ma circonscription, je ressens une frustration sans précédent contre la politique de Bush et de Condeleezza Rice. Le peuple a l'impression que ces deux personnalités ne les écoutent pas, qu'ils ne font qu'à leur tête. Cela est interprété comme une mauvaise volonté de leur part. Durant les dernières élections, le peuple a décidé de leur enlever la majorité, avec l'espoir que cela leur servira de leçon. L'arrivée des «new conservateurs» au pouvoir a conduit à la radicalisation des positions officielles américaines sur les principaux dossiers qui animent la scène internationale, tels que la guerre en Irak, le terrorisme, le conflit au Proche-Orient, qu'en pensez-vous? Je dois tout d'abord dire que «les new conservateurs» sont isolés à la faveur des dernières élections. Actuellement, il y a un débat au Congrès américain sur la manière de résoudre la crise irakienne avec moins de dégâts pour les deux parties américaine et irakienne. Nous voulons assurer une stabilité après notre départ de l'Irak. Cela dépendra aussi bien de nous que du gouvernement en place (irakien), mais aussi des pays amis comme l'Algérie, ou l' Egypte qui ont une influence dans la région. Je me sens en droit de soulever aussi, le fait que les autorités américaines sont souvent animées de bonnes intentions dans leurs politiques extérieures mais, force est de constater que les objectifs escomptés se heurtent à la manière avec laquelle le département d'Etat procède. La menace d'un désaveu sans précédent du président Bush au Sénat se précise, avec l'union des élus républicains et démocrates, concernant sa stratégie en Irak. Pouvez-nous décrire le climat politique régnant aux USA autour de cette question? Beaucoup de divergences séparent les républicains des démocrates essentiellement sur les dossiers internes tel que la sécurité sociale, mais quand il s'agit de questions internationales, ces désaccords se dissipent, laissant place à une sorte d'union tacite. Du coup, chacun de nous oublie ses origines politiques et se réfère aux positions officielles, afin de créer une meilleure cohésion pour notre politique étrangère. Tous les Américains sont préoccupés par la situation en Irak et par la nouvelle stratégie de Bush qui consiste en l'envoi de 21.500 soldats supplémentaires dans ce pays. Mais imaginez que vous êtes dans un bus dont le conducteur décide, contre vents et marées, de conduire à une grande vitesse malgré les mises en garde des voyageurs. Le résultat est dramatique, tout le monde va périr à cause du comportement irresponsable du conducteur. Je dois rappeler que les Américains n'ont nullement l'intention de s'éterniser en Irak. Nous avons énormément de projets pour notre pays. Nous voulons rentrer chez nous, voir la télévision et nous consacrer au sport que nous aimons tant, le base-ball Peut-on parler d'un échec de la politique américaine en Irak? Les Américains sont optimistes de nature. Avec les Irakiens nous allons essayer de nous en tirer de cette crise. Maintenant si vous demandez aux Américains de retourner des années en arrière, la majorité vous dira qu'ils voteraient contre le déploiement des forces en Irak. Non, les Américains ne voudraient pas refaire l'expérience. Bush ouvre un autre front avec l'Iran, classé dans la liste de «l'axe du mal.» Une crise se profile autour du dossier nucléaire iranien. Un programme pacifique, selon ses concepteurs. Il serait à caractère militaire, de l'avis du Congrès. Selon vous, pourquoi l'opinion internationale est-elle obligée de croire votre version, sachant que l'occupation de l'Irak a démontré que ce pays, et, contrairement aux déclarations du président américain, ne possède pas d'armes de destruction massive? Cette question fait objet d'un grand débat aussi aux Etat-Unis. Mais permettez-moi d'apporter ces précisions: Premièrement, l'axe du mal est un concept propre au président Bush, qui n'est pas approuvé par tous les Américains. Enfin, il y a plusieurs niveaux de responsabilité aux USA. Celle du président, puis intervient la responsabilité du Congrès suivie de celle des élus locaux. Les questions politiques d'ordre international sont l'oeuvre du sommet de l'Etat représenté actuellement par le président Bush. Depuis la victoire du Hamas palestinien aux élections législatives, un embargo politico-financier est imposé au peuple palestinien, et pourtant, ce parti a été élu démocratiquement, un principe cher aux Américains... Ce dossier dépasse mes prérogatives Qui dirigera les USA en 2008? Un républicain, bien sûr!