Les républicains entendent faire du coût de la réforme de la santé l'enjeu de la campagne pour les élections de novembre, qui renouvelleront l'ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat. Le président américain Barack Obama promulguait hier la réforme de l'assurance maladie, avant de s'engager dans une nouvelle bataille avec ses adversaires républicains qui s'annonce féroce à sept mois des élections législatives de novembre. Barack Obama devait signer hier en milieu d'après-midi le texte dans la prestigieuse East Room de la Maison-Blanche. Mais avant même son entrée en vigueur, la loi est contestée sur le terrain juridique aussi bien que politique. Le texte, qui va garantir une couverture maladie à 32 millions d'Américains qui n'en ont pas, a été adopté dimanche par la Chambre des représentants lors d'un vote historique, par 219 voix contre 212, après des mois d'âpres négociations au Congrès et son adoption en décembre par le Sénat. Mais la réforme, d'un coût de 940 milliards de dollars sur dix ans, est jugée trop coûteuse par les républicains, unanimes dans leur rejet d'une loi qu'ils assimilent à une prise de contrôle du système de santé par l'Etat fédéral et à un gouffre budgétaire. Les républicains entendent faire de ce sujet l'enjeu de la campagne pour les élections de novembre, qui renouvelleront l'ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat, tous deux contrôlés par les démocrates. Dès jeudi, Barack Obama doit faire un premier déplacement dans l'Iowa (centre), où il s'agira de convaincre les Américains du bien-fondé d'un arsenal législatif devenu impopulaire, mais aussi d'éviter de laisser les républicains occuper le terrain médiatique. «Il faut qu'en novembre, nous rejetions l'étreinte d'un gouvernement tentaculaire», a écrit l'ancienne candidate républicaine à la vice-présidence, Sarah Palin, alors que l'animateur de radio conservateur, Rush Limbaugh, assurait que «les Etats-Unis ne tiennent plus qu'à un fil (...) les gauchistes contrôlent votre système de santé». De politique, la bataille va aussi devenir judiciaire après l'annonce lundi que 10 Etats américains sur 50 prévoient de contester la réforme dès sa promulgation, car ils la jugent anticonstitutionnelle, tandis que le lobby des assureurs ne fera pas de cadeaux aux candidats démocrates pendant la campagne. Sur de possibles attaques en justice, le porte-parole de la Maison-Blanche s'est dit serein. Selon Robert Gibbs, il est fréquent que des recours soient déposés contre de «gros textes législatifs». Mais ces tentatives «ne seront pas couronnées de succès», a-t-il prédit lundi. Dans cette bataille, M.Obama aura pour lui une popularité qui pour s'être érodée en 14 mois de pouvoir, n'atteint pas des seuils préoccupants (47,4% de satisfaits selon une moyenne de sondages compilés par RealClearPolitics), soit bien plus que la plupart de ses adversaires au Congrès. Le président pourra aussi compter sur la prise de conscience par les Américains de bénéfices de la loi, comme l'extension obligatoire de la couverture médicale aux enfants déjà malades, qui pouvait jusqu'ici être refusée par les assurances. M.Obama devrait également pointer du doigt des incohérences dans le discours de ses adversaires. Après Mme Palin, un autre candidat à la candidature républicaine pour la présidentielle de 2012, Mitt Romney, a souhaité que la loi soit annulée, affirmant que «les Etats-Unis viennent d'assister à un abus de pouvoir incroyable». «Le président Obama a trahi son serment», a-t-il déclaré. Mais les démocrates remarquent que M.Romney, ancien gouverneur du Massachusetts (nord-est), s'était fait le défenseur d'un système d'assurance maladie dans son Etat qui ressemble beaucoup à celui que vient de faire adopter Barack Obama.