Le président Bush a fini par admettre qu'il était pris au milieu des violences confessionnelles irakiennes. La reconnaissance est tardive mais elle traduit l'inquiétude de l'administration américaine face à une situation chaotique et au tollé soulevé par sa vision unipolaire des affaires du monde. “Ce n'est pas le combat que nous étions venus livrer en Irak”, avoue Bush qui devait faire face, pour la première fois, à un Congrès où ses adversaires démocrates, majoritaires, sont les moins bien disposés envers sa politique irakienne. Cette hostilité pourrait culminer bientôt avec le vote de textes très critiques avec le nouveau plan de Bush pour l'Irak prévoyant l'envoi de 21 500 soldats supplémentaires pour tenter de stabiliser un pays au fond du gouffre. Le scepticisme, sinon l'opposition, a gagné certains amis républicains du président. L'un de leurs parlementaires les plus éminents, John Warner, est même l'instigateur d'un projet de texte défavorable à Bush. Il a ponctué devant le Congrès que cette guerre n'est pas celle que les Américains voulaient. Evidemment, Bush dit ne pas céder sur le fond. “En cette matière, c'est moi qui décide”, devait-il marteler vendredi, avertissant de nouveau qu'un échec américain en Irak produirait un désastre. Devant les parlementaires, il est allé jusqu'à agiter le spectre d'une contagion des violences et d'un conflit régional. Une prédilection saisie au vol par les pays du Golfe, plus l'Egypte et la Jordanie, qui ont applaudi au nouveau plan de Washington. Le locataire de la Maison-Blanche, qui n'arrête pas de dégringoler dans les sondages, est au plus bas depuis le début de sa présidence, a néanmoins changé de ton. Il se fait plus mielleux. Il a ainsi pressé le Congrès, dont la présidente est en Irak pour voir ce qui s'y passe de visu, de donner une chance de marcher à son plan, rompant avec l'assurance de victoire affirmée avant les élections parlementaires de novembre, où l'Irak a fortement contribué à la défaite républicaine. Renonçant à ses efforts pour présenter les événements irakiens comme des réussites, Bush semble aussi s'être ravisé sur la place des soldats américains dans la guerre. Le président américain promet que les soldats américains céderont le premier rôle pour celui de soutien aux forces irakiennes, expliquant que les Américains les aideraient activement à débusquer les fauteurs de violences. D. Bouatta