Menée dans plusieurs wilayas-pilotes, la carte Chifa concernera dans l'avenir tous les assurés sociaux. Hormis le dossier du salaire minimum qui sera traité lors de la tripartite, Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, n'a pas soufflé mot concernant le sujet, se contentant de rappeler que l'ordre du jour n'était pas encore défini mais qu'il ne saurait tarder suite aux propositions formulées par les parties concernées. Sa sortie sur le terrain hier, qui a guidé ses pas sur plusieurs structures de la Cnas de la wilaya d'Alger, n'a pas été pour autant infructueuse puisque le ministre a procédé à plusieurs annonces importantes. Il en ressort en substance le coup d'envoi pour la carte Chifa désormais disponible dans la wilaya d'Alger qui compte 700 829 assurés sociaux. Cette opération initiée à partir de la Cnas du boulevard 1er- Novembre d'Alger concerne le régime général (secteur économique) pour les retraités et les malades chroniques à compter d'aujourd'hui. Cette opération intervient trois mois après le lancement de la carte Chifa pour les fonctionnaires. “28 wilayas sont concernées par la carte Chifa, soit environ 4 millions de bénéficiaires parmi les assurés et les ayants droit”, nous a déclaré M. Zebbar directeur général de la Cnas qui accompagnait le ministre. Ce dernier s'est, d'ailleurs, longuement attardé sur le système du tiers payant en déclarant que “le système du tiers payant se limite pour le moment aux retraités et aux malades chroniques, mais sera généralisé dans l'avenir aux autres catégories”. Il précisera, en outre, que l'expérience est ainsi menée dans certaines wilayas pilote. En somme, le système du tiers payant sera généralisé à tous les salariés. Ce système, note-t-on, permet actuellement aux malades chroniques (2 millions de personnes) d'acheter des médicaments à titre gracieux dans les pharmacies conventionnées avec la Sécurité sociale en fonction du taux d'assurance, soit 80% ou 100%. Indéniablement, ce système disparaîtra avec la généralisation de la carte Chifa qui constitue l'ultime étape de modernisation de la Sécurité sociale comme qualifié par Tayeb Louh lui-même. C'est une carte de Sécurité sociale qui permet d'identifier l'assuré ainsi que ses ayants droit pour qu'ils puissent faire valoir leurs droits aux prestations de la Sécurité sociale. La carte sert en premier lieu à rembourser sans avoir à formuler la demande ni à remplir et présenter une feuille de soins. Il suffit seulement de la présenter chez le médecin, le dentiste, les pharmacies, les hôpitaux, auprès des agents de la Cnas et des différents établissements de soins pour bénéficier de soins et de médicaments sans paiement. L'assuré — ou l'un de ses ayants droit — doit aussi présenter la carte lors de toute démarche auprès de son centre de paiement, pour se faire rembourser par exemple. Par ailleurs, la carte comporte des informations personnelles de l'assuré (état de santé, suivi médical, remboursement des médicaments et examens médicaux). Cette carte est dotée également de plusieurs codes en vue de faciliter la mission aux partenaires sociaux. Cela constitue, en effet, une véritable révolution dans le fonctionnement de la Sécurité sociale, chantier sur lequel le département est investi depuis au moins 6 années dans un vaste programme de changement pour garantir, à terme, une qualité de service de niveau d'ici à 2013. Le département de Louh a lancé plusieurs chantiers avec ultime étape : cette carte à puce magnétique. Il est question aussi de centres régionaux d'imagerie médicale (Est, Ouest, Centre et Sud) pour les assurés dont les femmes de plus de 40 ans seront invitées systématiquement pour une mammographie. “Ceci intervient en complément de ce que fait le ministère de la Santé”, a tenu à préciser le ministre qui, dans la foulée, a annoncé l'élargissement, une nouvelle fois, de la liste des tarifs de référence pour certains médicaments qui sera connue dans quelques jours, et ce, aux fins de réguler et maîtriser de plus en plus le marché du médicament. M. Louh mentionnera aussi la stricte nécessité de la réforme des organes de contrôle pour plus d'efficacité à travers la formation des compétences et la dotation en moyens adéquats. Il parlera, par ailleurs, de l'élaboration d'un fichier employeur au niveau national par le biais d'un code unique.