Dr Tintoré est une neurologue espagnole exerçant dans l'unité de neuro-immunologie-sclérose en plaque à l'hôpital de Barcelone. Elle assure le suivi de 1 500 patients et reçoit quelque 600 nouveaux cas, chaque année, pour diagnostic et investigations. Liberté : Vous avez parlé de l'impératif de traiter la SEP précocement pour freiner l'évolution de la maladie. Où en sont les recherches sur une thérapeutique qui guérit ? Dr M. Tintoré : Il faut commencer par le début. Pour le moment, nous avons un traitement qui réduit les poussées cliniques de 50%. Il faut dire aussi que nous ne connaissons pas encore les causes de la maladie. Nous ne savons pas qu'est-ce qui provoque le désordre dans le système immunitaire, qui fait une mauvaise interprétation et attaque la myéline qui est utile pour l'organisme. La sclérose en plaque est une maladie auto-immune. Pourquoi alors certains pays, comme l'Allemagne, enregistrent-ils une prévalence plus grande de la maladie par rapport à d'autres ? Il paraît que le facteur génétique est pour quelque chose dans le déclenchement de la SEP. Ce n'est pas une maladie proprement héréditaire, mais la population européenne a des gènes qui la prédisposent à cette pathologie. Le facteur environnemental a sa part de responsabilité aussi. Le traitement précoce freine l'évolution de la maladie. Pour combien de temps ? L'espérance de vie d'une personne, souffrant de la sclérose en plaque, est maintenue. C'est la qualité de vie qui est altérée. Pour le moment, nous n'avons pas encore assez de recul pour savoir quelle sera l'histoire naturelle des patients sous traitement. Mais si l'on compare avec l'histoire naturelle des personnes avec SEP sans traitement, sur une période de dix ans, l'amélioration est nette pour celles sous thérapeutique. Il faut croire aussi que la sclérose en plaque est variable d'une personne à une autre.