Les neurologues maghrébins se sont rencontrés ces vendredi et samedi à l'hôtel El-Aurassi à Alger pour débattre des pathologies du système nerveux. Les participants à ce quatrième congrès ont échangé leurs expériences quant à la prise en charge des patients souffrant de maladies neurologiques. Considérée comme une pathologie à l'issue inévitablement fatale, la sclérose en plaques reste une maladie presque orpheline en Afrique où elle touche 15 personnes sur 100 000 habitants. Les neurologues refusent cette fatalité et évoquent les grandes avancées de la médecine qui, sans permettre encore une guérison totale, offrent déjà une meilleure qualité de vie et retardent l'apparition des symptômes. “Selon les chiffres en notre disposition, il y a 10 000 malades atteints de la sclérose en plaques en Algérie. Certes, c'est une maladie handicapante, mais les nouvelles molécules retardent son évolution, ce qui permet aux patients de mener une vie presque normale”, affirme le professeur Aït Kaci, chef de service neurologie à l'hôpital Aït Idir à Alger. Le même praticien estime que la sclérose en plaques est plus répandue dans les pays du Nord. En Algérie, l'incidence de cette pathologie est moindre et sa prise en charge est assurée avec les mêmes médicaments que ceux en usage dans les pays développés. “La prise en charge moyenne d'un malade atteint de sclérose en plaques revient à 80 000 DA par mois”, ajoute le Pr. Aït Kaci. Pour sa part, le Professeur Arezki, chef de service neurologie au CHU de Blida estime que même si les médicaments coûtent cher, ils offrent une réelle chance aux malades qui sont le plus souvent de jeunes trentenaires. Il aborde un autre fléau qui fait des ravages loin des feux de la rampe : la maladie d'Alzheimer qui touche 100 000 personnes en Algérie. Cette fois, il propose la création de centres de consultation dans tout le pays. “Pour le moment, seuls 4 centres spécialisés sont opérationnels à Bab El-Oued, Blida, Constantine et Oran. Il en faut beaucoup plus”, souhaite le professeur Arezki. Il rappelle que cette maladie nécessite aussi la mise en place de structures d'accueil de jour pour prendre en charge les patients que les parents doivent surveiller jour et nuit. L'épilepsie est une maladie longtemps considérée honteuse car elle était prise en charge en psychiatrie. Elle touche quelque 170 000 personnes en Algérie. Cette fois, aussi, les nouveaux médicaments permettent de diminuer l'incidence des épisodes de crises. Les patients pris en charge convenablement redeviennent dans la majorité des cas des citoyens productifs et les enfants suivent une scolarité normale. Le médicament le plus utilisé pour soigner l'épilepsie est le Keppra et les médecins affirment que cette molécule a révolutionné la prise en charge des épileptiques. Même si son prix est élevé, les responsables des laboratoires UCB prédisent une meilleure qualité de vie pour les malades grâce au Keppra. Dans les pays développés, les neurochirurgiens interviennent même pour opérer certains cas d'épilepsie. “Lorsqu'il s'agit de cas d'épilepsie localisée dans le lobe temporal, la chirurgie permet une guérison totale dans 80% des cas”, révèle le professeur Salim Benbadis, directeur du programme épilepsie à l'université de Tampa aux USA. Ce praticien algérien installé aux USA estime, pour sa part, que les nouveaux moyens d'imagerie médicale sont d'un grand apport pour arrêter des diagnostics précis. Les neurologues exerçant en Algérie se réjouissent, eux aussi, de la disponibilité des moyens de diagnostic et des médicaments indispensables pour la prise en charge des maladies neurologiques. Djafar Amrane