À 44 ans, Mourad Chaâbane totalise une longue liste de films, feuilletons et sitcoms à son compteur. Timide, mais non moins souriant et affable, il se prête volontiers à notre petit jeu de questions-réponses. Liberté : On vous a vu dernièrement dans le rôle d'un “melhouf” dans la sitcom Souk El-Hadj Lakhdar. Vous êtes réellement comme ça durant le Ramadhan ? Mourad Chaâbane : Comme tout le monde, j'ai des petites envies durant ce mois sacré, mais pas au point de dévaliser les magasins. Après les heures de bureau — je travaille comme fonctionnaire à la daïra d'El-Harrach —, j'aime bien faire un tour au marché. Je donne parfois un coup de fil à ma mère pour m'assurer qu'il ne lui manque rien, mais je ne fais pas de folies. Parlez-nous du tournage de Souk El- Hadj Lakhdar ? On a tourné entre juin et juillet derniers dans le quartier de Karkouba à Koléa, dans un marché couvert dépendant de la commune. C'est un vrai souk mais qui a été déserté par les commerçants quelques mois après son inauguration. Le tournage avait souvent lieu la nuit, entre 17h et 2h du matin pour éviter la gêne occasionnée par le brouhaha du souk environnant. Aimez-vous le rôle de Sofiane dans cette sitcom ? Dans la mesure où c'est un personnage qui prête à rire car fainéant, chômeur et affublé de toutes les tares du monde, il me convient parfaitement. De manière générale, je préfère les rôles humoristiques. Avec les productions de Lakhdar Boukhers comme El-Imara (1, 2, 3), je me suis retrouvé comme un poisson dans l'eau. Le rire, la convivialité et la bonne humeur sont vraiment ma tasse de thé. Cela ne m'empêche pas de me glisser dans des drôles plus dramatiques à l'image d'El-Badra, El-Massir… Vous êtes tombé dans ce métier très jeune ? J'ai fait mes premiers pas dans le théâtre vers 16-17 ans. Mon baptême des planches s'est effectué avec une troupe théâtrale de mon quartier nata Hussein- Dey. Nous étions encadrés par de grosses pointures de la trempe d'Azzedine Medjoubi, Ziani Chérif Ayad ou encore Fellag. Quant à mon premier film, Les Enfants du Soleil, il remonte à 1985. J'incarnais un jeune habitant de la Casbah qui vit les balbutiements de la guerre de Libération nationale. Quel regard portez-vous sur la Télévision algérienne et la production cinématographique made in Algeria ? À mon avis, on a beaucoup de retard à rattraper. Les volontés sont là. Il faut simplement les aider et mettre le paquet pour produire en quantité et en qualité. C'est regrettable de constater que l'Algérien ne se branche sur l'ENTV que pendant le mois de Ramadhan. Il faut faire le maximum pour reconquérir le public algérien. Les acteurs algériens appartiennent-ils à un star-system ? Pas de la même dimension qu'en Europe ou sous d'autres cieux, mais la ferveur et la chaleur des gens rencontrés dans la rue sont indéniable. Disons que ça donne quelques privilèges (rires). Quand je cherche par exemple une place pour me garer, ça prend trois secondes. En fait, partout on me laisse passer en premier. Je ne fais jamais la queue ! Les acteurs de l'ancienne génération qui vous ont marqué… Rouiched, Athmane Ariouat, Nouria, Chafia Boudraâ, Sid-Ahmed Agoumi, Farida Saboundji. Vous vous débrouillez bien en cuisine ? Juste assez pour ne pas mourir de faim ! Ma mère et mes sœurs (puisque je suis encore célibataire) sont aux petits soins. Mais je ne suis pas du genre à attendre qu'on me prépare mon plateau. Je sais me débrouiller tout seul, comme un grand ! Quel genre de musique écoutez-vous ? Du chaâbi et de la musique classique. Vos autres passions dans la vie ? Le football et la mer. Regarder la grande bleue et s'y baigner me remplit de bonheur. Cette année, la saison de plage a été écourtée, Ramadhan oblige, mais qui sait, peut-être qu'un été indien nous attend ? Et vos vacances de l'été 2009, c'était comment ? En France, pour le tournage de Fort Boyard avec les actrices Nesrine Zerrouki et Lynda Salam. C'était fantastique ! J'ai fait le tapis roulant, et j'ai eu le temps de sortir avant que la minute ne s'écoule. Un vrai champion ! (éclats de rire). Des projets ? Pas mal de projets de films, mais il est un peu tôt pour en parler pour le moment. Qu'est-ce qui est important pour vous dans la vie ? La santé, le travail et la famille. Vous vous souvenez de votre première interview ? C'était avec Tahar Djaout, pour Algérie Actualités. Je l'ai toujours. Et celle-là, vous allez la garder ? Bien sûr ! M. D.