Derrière ce toponyme à forte connotation berbère se cache une ferme-pilote qui fut, jusqu'à un certain temps, la fierté de toute la région. Taâdmit, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est une petite bourgade du sud-ouest de la wilaya de Djelfa. Sa situation géographique idéale et ses caractéristiques naturelles propres prédisposaient déjà à devenir un véritable pôle économique, le plus important, peut-être, des Hauts-Plateaux. Cette ferme, qui s'étend sur une superficie de 6 000 hectares, érigée par les colons français vers la fin de la Première Guerre mondiale, en 1919 plus exactement, était à l'origine une station d'élevage d'ovins, la première en Algérie, destinée à l'expérimentation et à la sélection des races de moutons dont la race locale est connue pour ses qualités physiques et reproductives. En plus de l'élevage, la ferme compte également une oliveraie, un vignoble et un verger de plusieurs dizaines d'hectares où se mêlent, à perte de vue, pêchers, pommiers, poiriers, cerisiers et figuiers. De plus, l'activité propre de cette ferme sera maintenue avec l'apport du Haut-Commissariat au développement de la steppe (HCDS) qui a aménagé plusieurs réserves fourragères renforcées par la création de trois retenues collinaires respectivement dans les localités de Douis, Aïn Roumiya et Ben Hamed. Le projet connaîtra, néanmoins, un regain d'intérêt en 1989, lorsque le ministère de l'Agriculture procédera à la création de pas moins de 174 fermes-pilotes à travers le territoire national, mais elles connaîtront des fortunes diverses. Celle de Taâdmit, après avoir fait naître tant d'espoir, fera un bilan catastrophique en raison, d'une part, du changement constant de tutelle et de l'absence d'un suivi rigoureux, de l'autre. Bien entendu, le devenir de l'exploitation obérée par les dettes a été quelquefois évoqué dans les débats de l'assemblée de wilaya, mais les élus avaient à chaque fois placé la barre très haut en lui fixant comme objectif l'exportation de l'ovin. Ainsi, de paradis terrestre, la ferme de Taâdmit dépérissait loin des regards des responsables, victime de la sécheresse et de l'abandon, au moment où des milliards de dinars de crédits ayant accompagné les différents programmes de soutien à l'agriculture étaient détournés de leur destination originelle.Toutefois, exploitants et fellahs, dont l'existence est viscéralement liée à la terre, ont accueilli avec beaucoup d'espoir la réouverture du dossier des fermes-pilotes par le département de Rachid Ben Aïssa et l'évocation d'un éventuel partenariat avec des hommes d'affaires koweitiens, dans la perspective d'un plan de sauvetage de la ferme pour le bien du secteur et celui de toute la région.