Le Centre culturel français d'Alger a organisé mercredi dernier, une soirée dédiée au court-métrage, avec la projection de six courts-métrages qui entrent dans le cadre de la “Carte blanche au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand” . En présence du coordinateur du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, Sébastien Duclocher, il a été question lors de cette soirée de la projection de courts ayant participé à l'édition de 2009 du Festival de Clermont-Ferrand et reçu des prix, ainsi qu'une exception : C'est Dimanche ! du réalisateur français d'origine algérienne Samir Guesmi, qui a reçu le Prix du public à ce Festival en 2008. En fait, après la projection du court franco-canadien, Macadam Peau Rouge d'Arnaud Malherbe qui s'intéresse au thème de l'intégration, le très troublant Skhizein de Jérémy Clapin et le décapant Bungiorno de l'italien Melo Prino, nous avons eu droit à la projection du court métrage, C'est Dimanche !, de Samir Guesmi (Etalon d'argent de Yennenga au Fespaco 2009). Le film met en exergue la complexité des relations père-fils. C'est l'histoire d'Ibrahim : Un jeune garçon de 13 ans, qui habite seul avec son père et qui se fait renvoyer de son école. Ne parvenant pas à avouer la vérité à son père, Ibrahim laisse croire à ce dernier qu'il a décroché un prix. Le court métrage touchant, émouvant et qui laisse entrevoir une fragilité et une grande sensibilité, décortique en trente minutes, les relations père-fils, et surtout la difficulté pour les enfants d'évoluer dans un milieu familial qui n'a aucun lien avec leur environnement scolaire et social. En fait, le père ne sait ni lire le français, ni même l'écrire. Crédule et naïf, il avance dans la vie sans garanties et s'invente une petite vie, il évolue dans une bulle. Son existence se résume à aller au travail, prendre le métro, aller au bar, et revenir s'occuper de son fils à la maison. Les deux comédiens Illiès Boukouirene et Djemel Berek ont incarné avec brio leurs rôles, à la limite du débordement et tout en douceur. De plus, Samir Guesmi a filmé ses personnages au plus près des corps et des visages, intime et troublant à la fois. D'autre part et après la projection du court métrage italien, Muto, de Blu et qui a remporté le Grand prix cette année, le film Alter ego de Cédric Prévost (mention spéciale d'interprétation, Prix de la presse Clermont-Ferrand 2009), a été projeté. Bien que l'idée ne soit pas très originale, le réalisateur a réussi à rassembler deux êtres que tout sépare, dans un lieu neutre : un jardin public. Il est beur ; elle est bourge. Il est rude ; elle est raffinée. Il est éperdument amoureux d'elle ; et elle aussi. Il lui a menti ; et elle le découvre tardivement. Elle se sent trahie ; il veut la convaincre de ses bonnes intentions. Une discussion est entamée, mais elle se transforme très vite en un débat sur l'intégration. Le tout est pimenté avec une touche d'humour. Par ailleurs, le Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand est la manifestation la plus importante au monde, dédiée et consacrée au court métrage. Un genre à part entière qui a conquis le public et qui intéresse de plus en plus, les cinéastes, d'abord parce qu'il ne demande pas beaucoup de moyens, et ensuite parce qu'il est le seul de nos jours à rester libre, et à susciter des questionnements. En Algérie par exemple, l'intérêt pour le court métrage peut être renvoyé à plusieurs facteurs, notamment au financement et à la liberté de création. Cependant, les Algériens de plus en plus présents et visibles sur la scène internationale, n'ont pas encore pris part au Festival de Clermont-Ferrand. L'an dernier et pour la même initiative à savoir la Carte blanche, le directeur de ce prestigieux festival avait indiqué que sa manifestation ne recevait pas de candidatures et de demandes de l'Algérie. Pourtant, quoi de mieux qu'un Festival pour se confronter à autrui et apprendre des expériences de l'Autre ?