Alors que toutes les prévisions des années précédentes tablaient sur la mise en service du transfert du barrage Koudiet Acerdoune, devant alimenter les localités du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, durant l'été, sinon vers la fin de l'année 2009, voilà que des imprévus ont retardé la livraison de ce projet, tant attendu, jusqu'au environ de mars 2010. Les populations des daïras de Draâ El-Mizan, de Boghni et des Ouadhias, concernées par ce projet, devront donc encore une fois prendre leur mal en patience durant quelques mois, notamment maintenant qu'au stade atteint dans la réalisation de ce projet, à juste qualificatif grandiose, il est clair que le délai avancé cette fois ne peut être que respecté. Lors d'une visite effectuée mardi dernier, en compagnie des responsables du projet, à travers plusieurs de ses ouvrages, ce deuxième grand barrage d'Algérie, réalisé au milieu des monts de Zbarbar, dans la wilaya de Bouira, avec un coût global de 22 milliards de dinars, donne la nette impression d'un projet auquel ne manquent que quelques touches finales pour qu'il soit livré. Au bout d'une piste sinueuse d'une quinzaine de kilomètres au cœur du massif de Zbarbar, réputé autrefois être un terrain conquis du terrorisme, voilà qu'une digue réalisée par la société française Razel, à base de béton compacté à rouleau, se dresse devant nous majestueusement. En amont de cette digue, 115 millions m3 d'eau sont déjà emmagasinés après un an de mise en eau du barrage qui est d'une capacité de stockage de 640 millions m3. Sur place, le responsable du projet, accompagné du directeur de l'hydraulique de Tizi Ouzou ainsi qu'un groupe de stagiaires des universités de Tizi Ouzou et de Blida, nous explique que ce projet qui devra alimenter les quatre wilayas de Bouira, de Tizi Ouzou, de Médéa et de M'sila, et la nouvelle ville de Boughzoul, donc une population de 4 millions d'habitants, est passé par bien des péripéties qui sont d'ailleurs à l'origine du retard dans l'achèvement de ce projet, pour rappel, entamé en août 2002 pour un délai initial de 45 mois. À peine les terrassements entamés que l'entreprise en charge de la réalisation de la digue a commencé à faire face à un immense glissement de terrain qui a nécessité des études géotechniques supplémentaires et de grands travaux de stabilisation de la zone telle l'injection de béton jusqu'à 100 mètres de profondeur. Aujourd'hui, le barrage est achevé et le transfert vers le sud de la wilaya de Tizi Ouzou est sur le point de l'être. “Les travaux de ce transfert vers les 10 communes du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, sur une distance de 75 kilomètres, ont atteint un stade d'avancement de 95%”, nous explique le directeur du projet. “Il ne reste que la station de traitement à achever”, nous explique-on encore. “Même les conduites qui devront relier le barrage à la station de traitement, sur une distance de 17 km, sont posées. Les ouvrages de stockage aussi”, nous dit le responsable de construction de la société canadienne SNC Lavalin dont des équipes renforcées s'échinent à achever la station de traitement en travaillant 24/24 pour récupérer le retard d'une année engendré également par des glissements de terrain dont les traces sont facilement décelables et l'importance facilement remarquable à travers les ouvrages de stabilisation réalisés. Une fois achevée, cette station d'un débit de 350 000 m3/j alimentera le sud de la wilaya de Tizi Ouzou à raison de 21 millions de m3/an, de même que Médéa et Bouira, alors que la wilaya de M'sila sera alimentée à raison de 9 millions m3/an. Selon le chef du projet, le projet de transfert, qui est déjà entamé, vers ces wilayas et la nouvelle ville de Boughzoul sera achevé dans 18 mois et le barrage sera ainsi totalement opérationnel d'ici 2012. En attendant, les populations concernées devront continuer à prendre leur mal en patience.