Pour de nombreuses anomalies et manquements, la gestion de l'ex-comité de participation du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, durant l'exercice 2008, a été remise en question par le cabinet comptable chargé de sa certification. Le caractère erroné et le manque de transparence dans les informations et les déclarations financières figurant sur le registre des comptes présentés ont même amené le commissaire aux comptes à user de son droit d'alerte et à saisir la justice de ses constatations. Une action qui n'épargnera vraisemblablement pas le directeur des ressources humaines du complexe ArcelorMittal, cité à plusieurs reprises, pour son silence complice. Des sources proches de cet organe révèlent, en effet, qu'au constat figurent de bien trop nombreuses inexactitudes portées sur les livres comptables du comité de participation de l'entreprise. La certification du bilan comptable pour ladite période a été rejetée par le commissaire aux comptes, M. Alout Mohamed, désigné à cet effet en mai 2009. C'est durant cette même période, précisément, que le mouvement de protestation des travailleurs avait été déclenché pour, entre autres, faire état de l'existence de chèques non conformes aux pièces de dépenses supposées les justifier et dénoncer des dépenses non identifiées ainsi que d'autres réserves de fonds. Nous apprenons dans ce contexte que le commissaire aux comptes aurait déjà saisi le procureur de la République près le tribunal d'El-Hadjar, auquel il a confié une copie du bilan comptable contesté. Selon nos sources, les dépassements relevés seraient multiples et variés. Comme preuve de la mauvaise gestion, on signale une facture payée par les œuvres sociales d'ArcelorMittal au profit d'un joueur de l'USM Annaba, et comportant une liste de noms d'enfants de travailleurs. Quant aux dons au profit des sinistrés de Ghardaïa, on parle ouvertement de détournement de l'argent provenant de la contribution des travailleurs en direction des sinistrés. Ainsi, on révèle la surfacturation des denrées alimentaires, dont l'achat et la livraison avaient été assurés par le comité de participation. À cela, il faut ajouter l'achat, auprès d'un établissement d'équipements de sport et de loisirs, d'un lot de tee-shirts pour sorties aérées pour une somme de 6 240 000,00 DA. Une somme nécessaire pour le paiement des factures des équipements de l'USM Annaba. La surfacturation serait devenue durant 2008 monnaie courante, voire la règle. À titre d'exemple, la location de la résidence “Nassim” d'El-Kala, dans la wilaya d'El-Tarf, pour deux mois pour une somme de 2 9000 000, 00 DA ou encore celle d'une troupe musicale pour l'animation une seule soirée à l'occasion d'une cérémonie de circoncision pour 250 000,00 DA, sans compter la facture de 2 973 118,00 DA d'une clinique médicale privée comme frais de prestations. Cette somme représente, selon nos sources, les frais de prestations des membres des familles du CP et du syndicat et leurs ayants droit. Plus grave, toutes les prestations sont payées par les travailleurs eux-mêmes sous forme de prêts remboursables. Des surfacturations ont été également relevées dans les sorties aérées des enfants des travailleurs pour leur transport et leur restauration (casse-croûte) avec respectivement près 36 000 000,00 et 624 826,00 DA. Enfin, il a été mis au jour trois fournisseurs qui sont des prête-noms et qui ont agi à l'aide de factures. Une Sarl avec une facture dépassant 31 000 000,00 DA et une autre Sarl spécialisée dans la vente de micros, tables, caméras et autres équipements de bureau, avec près de 31 000 000,00 DA et le fournisseur de téléphones portables, un certain Saïdi Yacine pour une facture de plus de 13 600 000 DA.