Sonelgaz, après des années de mauvaise gestion et un blocage de ses investissements, n'est plus en mesure de faire face à l'augmentation de la demande en énergie. La Sonelgaz, ancien fleuron de l'industrie, plonge dans la tourmente qui secoue l'économie nationale. Citée naguère comme modèle dans les services publics, elle n'est plus en mesure, aujourd'hui, de faire face à la demande croissante d'une clientèle de plus en plus tentée par la consommation. Et l'entreprise publique a la modestie de reconnaître ces défaillances en les attribuant à une insuffisance de ses capacités de production. “Cette situation critique que nous déplorons et que nous nous efforçons de rendre moins pénible que possible et que nous devons expliquer à nos clients est d'abord le résultat d'une production insuffisante, aggravée, ces derniers jours, par une vague de chaleur qui a entraîné une augmentation de près de 11% de la demande par rapport à 2002 et qui est principalement due à l'utilisation massive des climatiseurs”, se défend la Sonelgaz. “Ce n'est pas souvent que l'usager algérien est ainsi pris à témoin par une entreprise publique. D'habitude, il est traité avec mépris”. Rien qu'en cela, les explications de nos “électriciens nationaux” méritent d'être soulignées. Le client est poliment prié d'accepter de se faire délester, parfois sans être avisé, de sa “ration” quotidienne de courant. Une mesure “très incommodante”, reconnaît Sonelgaz, mais qui “demeure la seule solution pour minimiser les conséquences de cette situation”. Il faut rappeler quand même que ces délestages ont conduit à des émeutes. C'est le cas dans la commune de Daoussen, près de Biskra, où les chutes de tension ont mis hors d'usage des moto-pompes dans un bourg qui souffre sous le cagnard et qui ne vit que de ses petits vergers. Quelle est donc la source de cet autre désagrément que doit subir le citoyen ? Sonelgaz s'explique : ce déficit est dû à la non-réalisation des investissements planifiés. Ainsi, l'Algérien doit admettre de retourner dans les “ténèbres” parce qu'on n'a pas permis à Sonelgaz de s'équiper. Cela se produit au moment où le pays somnole sur un matelas de réserves de change jamais égalé en épaisseur. Peut-être sera-t-il dégrossi le jour où on aura besoin d'un “appât électoral”! Ces difficultés de la Sonelgaz à mettre en œuvre ses investissements surviennent alors que se met en place un plan de démantèlement habilement présenté comme un plan de restructuration. Déjà, dans les pays à économie libérale, le secteur de l'électricité n'est toujours pas en dehors de la tutelle étatique. En France par exemple, la privatisation annoncée d'EDF (électricité de France) n'a que de très faibles chances d'aboutir. Les oppositions à ce projet sont très fortes. En outre, la fragmentation de grandes entreprises en unités plus petites, supposées plus maîtrisables, en terme de gestion, n'est plus d'actualité. En la matière, la mode a pris le chemin inverse. Elle est aux fusions. L'argument est donc à revoir. Et l'UGTA ne se prive pas de demander à l'homme du “sale boulot”, comme s'est défini le Chef du gouvernement, de reconsidérer le projet. Elle insiste auprès d'Ahmed Ouyahia pour obtenir “l'annulation de ce plan de démantèlement”. La Centrale syndicale n'est pas dupe. Elle observe que la Sonelgaz a été empêchée de réaliser ses investissements depuis l'an 2000. Pendant ce temps, aucun investisseur étranger n'a fait miroiter la moindre offre. Le citoyen va-t-il rester otage de cette vision qui consiste à empêcher l'Etat d'investir dans les services publics en feignant chercher des opérateurs qui, de toutes les façons, ne viendront pas ? Ce n'est pas en faisant défiler des délégations d'hommes d'affaires du Sheraton au Sofitel que l'on fera croire à une confiance retrouvée en l'économie nationale. En la matière, le pays a bien été délesté. R. B. L'abonnement sonelgaz-usagers est un contrat Le client peut réclamer des dommages et intérêts M. Tayeb Belarif, membre fondateur de l'association des consommateurs, dissoute en 1991, estime que l'abonnement liant la Sonelgaz à un client est, en réalité, un contrat. Si le client ne remplit pas les clauses qui lui incombent (payement des factures, respect des compteurs), Sonelgaz peut couper le courant et appliquer les pénalités pécuniaires prévues par la loi. Dans le cas où c'est Sonelgaz qui est défaillante (en sa qualité d'entreprise qui a un rôle de mission publique, elle est tenue de respecter sa part du contrat), le consommateur (particulier ou société) peut réclamer des dommages et intérêts devant le tribunal, chambre civile. Selon d'autres sources, la société d'électricité peut se retrouver devant le pénal si, par sa faute, il y a mort d'homme, panne d'appareils de survie pour grands malades ou détérioration de médicaments devant être entreposés dans un réfrigérateur. Les avocats regrettent que les clients n'aillent pas devant les tribunaux