La Sonelgaz enregistre certaines difficultés financières pour réaliser de nouveaux investissements en vue de répondre à la demande croissante. Pour atteindre ses objectifs, la Sonelgaz avance deux options, à savoir l'augmentation des tarifs de consommation ou une subvention de l'Etat. Deux propositions qui sont actuellement en examen au niveau du gouvernement, indique-t-on. Pour M. Noureddine Bouterfa, PDG de la Sonelgaz, l'année 2006 a été extrêmement difficile sur le plan "de la gestion et de l'organisation. C'est l'année qui a vu, pour la première fois, quatre filiales de distribution et d'opérateurs système fonctionner totalement en sociétés autonomes". A cet effet, il se dit satisfait quant au fait que Sonelgaz ait présenté un bilan consolidé pour l'ensemble des filiales métiers (distribution, transport du gaz et production). "C'est quelque chose d'extrêmement important, et qui dénote que beaucoup d'efforts ont été faits pour d'une part assurer le service public pour pouvoir assurer la distribution du gaz et de l'électricité, mais aussi assurer un fonctionnement selon l'organisation que la loi de 2002 a imposé ". Partant de ces constats, le PDG de Sonelgaz estime que l'année 2006 a été une année de consolidation, mais aussi une année où il a fallu faire face a "beaucoup de difficultés, notamment des difficultés en matière de mobilisation des ressources destinées au financement pour engager le programme". Il soulignera que ces difficultés ont été réglées grâce à l'accompagnement de la Banque nationale d'Algérie (BNA). "Avec cet accompagnement, nous garantissons nos investissements jusqu'à 2010. Tout est mis en œuvre dans ce sens". Evoquant les résultats techniques, il estime que la demande a été légèrement inférieure aux prévisions de la société pour l'année 2006. Et pour cause, il cite les conditions climatiques de l'hiver dernier lesquelles ont été beaucoup moins sévères que celles de 2005, mais, ajoute-t-il, "la demande croît en moyenne de 5 à 6 %. Il faut faire face à cette demande qui croît régulièrement". Néanmoins, le PDG de Sonelgaz estime que l'Algérie ne sera pas inquiétée en matière d'offre avant 2010. Aussi, toutes les dispositions ont été prises pour que l'été se déroule "sans trop de contrainte. Nous espérons que la centrale de Berrouaghia sera opérationnelle. Mais indépendamment de cette centrale, nous avons pris des dispositions pour que la demande puisse être satisfaite notamment par la fiabilisation de la centrale de Skikda". Du point de vue des investissements, il rappelle que tous les projets sont en cours, soit à travers les appels d'offres qui ont été lancés pour huit centrales et dont sept parmi elles sont en cours de réalisation. Il citera plus particulièrement les centrales d'Oran-Est, Relizane, Batna, Larbaâ, Alger-port et celle d'Annaba. Il annoncera aussi le lancement fin juin de la centrale de M'sila de 500 MW et celle de Tergua. "Avec toutes ces centrales nous assurons les investissements et la demande jusqu'en 2010", souligne-t-il. Il ajoutera que dans ce domaine "tous les problèmes de financement ont été réglés, y compris pour le réseau de transport avec un prêt de la BNA de 70 milliards de dinars". Au titre du même programme, il déclare que le plan de développement du réseau de distribution est en voie d'être concrétisé. Au-delà de 2010, M. Bouterfa s'interroge s'il y aura des investisseurs privés qui voudraient bien construire leurs propres centrales. "S'il y a des producteurs autonomes c'est tant mieux. La question qui se pose est de savoir à qui ils vont vendre leur électricité ". A ce sujet, il révèle qu'un décret est en préparation qui va libérer les clients des contrats Sonelgaz. "On va permettre à un certain nombre de clients, existants ou à venir, d'acheter leur énergie électrique aux nouvelles centrales". Il donne l'exemple de Cevital qui pourrait créer sa centrale et vendre l'énergie à de futurs clients ou à des clients Sonelgaz. Il fera remarquer que si de "nouveaux producteurs ne viennent pas d'ici à 2010, la Sonelgaz est tenue, vis-à-vis de ses clients, de leur assurer l'Energie". "Nous prendrons toutes les dispositions pour pouvoir assurer cette énergie. Aujourd'hui, il y a un dispositif qui n'a pas été remis en cause, c'est l'étatisation des financements à travers les garanties du Trésor et à travers les banques", dira-t-il. M. Bouterfa estime que l'augmentation des tarifs de l'électricité "n'est pas une question de oui ou de non. Tôt ou tard, il y aura une augmentation des tarifs. Le tout est de savoir à quel niveau se situera cette augmentation mais aussi quelle politique l'Etat compte mener, car la loi lui permet de subventionner les consommateurs. Nous sommes dans un système transparent et rien n'interdit à l'Etat de voter des subventions à Sonelgaz". Il estime cette subvention à l'horizon 2010 entre 400 et 450 milliards de dinars. "A travers ces montants, notre ambition est de pouvoir maintenir un taux de financement au moins de 30 à 35 %. Compte tenu des programmes de l'Etat, nous pensons qu'il y a, à peu près, 100 milliards de dinars au titre de la contribution de l'Etat". Il notera aussi la contribution des clients qui concourent de 10 à 12 % dans ces investissements. Avec une production effective de 33,6 TWh et plus de 245 000 km de réseaux, le taux de couverture des besoins du pays en électricité est de 95 %. Plus de 5,6 millions de clients sont abonnés au réseau de la Sonelgaz. Son parc de production totalise une puissance installée de plus de 7 000 MW dont 259 MW pour la filière hydraulique et 306 MW pour les réseaux isolés du sud du pays. L'essentiel de la puissance est issue à 92 % des turbines vapeur et turbines à gaz. La consommation d'électricité en Algérie a augmenté durant les dernières années de 4 % par an et la demande devrait à long terme croître de 7% par année. La distribution d'électricité connaît depuis quelques années de fortes perturbations du fait d'une augmentation croissante de la demande intérieure. L'Algérie devra produire d'ici à 2010, 7 % de son électricité grâce notamment à l'énergie solaire et éolienne soit au moins 450 MW. Le pays vise à exploiter les potentialités exceptionnelles d'ensoleillement pour utiliser, mettre au point et développer les applications de l'énergie solaire à l'électrification des régions isolées (zones désertiques du Sud, notamment les 4 wilayas du Sud, Adrar, Illizi, Tamanrasset, Tindouf) les régions montagneuses. Des fermes éoliennes sont en projet à Tindouf, Timimoun, Adrar pour 100 MW au total. La filière hydraulique produit 1,7 % de la puissance installée, elle est constituée de 34 groupes dont la puissance unitaire varie de 1 à 5 MW pour les basess chutes et de 12 à 50 MW pour les hautes chutes. Pour faire face à la demande d'électricité, la Sonelgaz a prévu d'investir d'ici 2010 plus de 5 milliards de dollars pour l'entretien du réseau électrique national et pour augmenter les capacités de production et d'exportation de l'électricité.