M. Benaïssa appelle les céréaliculteurs à rembourser leurs crédits contractés auprès de la Badr. “Les résultats obtenus pour le blé tendre qui sont de l'ordre de 11,3 millions ne sont pas au niveau des objectifs escomptés”. C'est du moins ce qu'a déclaré le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, jeudi, lors d'une réunion consacrée au bilan de la campagne céréalière 2008/09 et à l'état de préparation de la campagne labours-semailles 2009/2010. Cette situation s'explique par le fait que les variétés utilisées durant cette campagne étaient sensibles à certaines maladies, ayant affecté les rendements, a-t-il indiqué, devant les directeurs des CCLS, ceux des Chambres d'agriculture et des institutions techniques et financières, intervenant dans la filière. À propos de la production livrée aux coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) qui ne représente que le tiers de la production totale, en l'occurrence 21,3 millions de quintaux, M. Benaïssa a attribué cette situation au fait que sur les 372 000 exploitants inscrits aux Chambres d'agriculture, 140 000 seulement ont pu livrer leur production. “Des cas de fraude ont été enregistrés également durant la campagne 2008/2009, dont une quinzaine de personnes sont traduites devant la justice pour avoir livré aux CCLS un mélange du produit local et importé”, a révélé le ministre, tout en expliquant que ces “fraudeurs ont été interceptés grâce au contrôle effectué par des universitaires recrutés dans le cadre de cette campagne”. Il est expliqué à ce propos que, selon les professionnels du secteur, “ces cas de fraude sont encouragés par les prix minima garantis pour les céréaliculteurs pour les blés, à savoir, 4 500 DA/quintal pour le blé dur, 3 500 DA/quintal pour le blé tendre et 2 500 DA/quintal pour l'orge”. À cet égard, il a été expliqué que le gouvernement a décidé de maintenir ces prix incitatifs en 2008, malgré la baisse des cours de ces matières au niveau international, en vue d'encourager les agriculteurs à produire et à livrer leur production aux CCLS. Quoi qu'il en soit, selon le ministre de l'Agriculture, “le satisfecit des résultats réalisés durant cette campagne ne doit pas freiner le frémissement constaté au niveau des différents acteurs de la filière”. Il est utile de noter à ce sujet que la production céréalière de l'Algérie pour 2009 a enregistré un record de 61,2 millions de quintaux contre une moyenne de 30 millions de quintaux ces dernières années. M. Benaïssa a estimé que ces “résultats exceptionnels” enregistrés en matière de production, de rendement et de collecte, “prouvent qu'il est possible d'atteindre un niveau appréciable en matière de sécurité alimentaire”. “Des marges de progrès existent que ce soit dans l'application des techniques de production, dans l'organisation et dans l'encadrement technique et économique”, note-t-il. Le ministre a indiqué dans ce cadre que la campagne prochaine “doit consolider les résultats obtenus”. M. Benaïssa a relevé également l'importance de la production de l'orge à plus de 24 millions de quintaux cette année, une quantité suffisante pour couvrir les besoins nationaux durant les trois années à venir. Interrogé sur la possibilité de réduire les importations céréalières, le ministre a indiqué, qu'à l'exception de l'orge, l'Algérie importera toujours ce dont elle a besoin en blés dur et tendre. L'Etat, dit-il, maintiendrait le soutien des prix des engrais, malgré les prévisions tablant sur la hausse des cours de ces matières sur le marché international dans les prochaines semaines. Un programme de soutien à la production nationale de l'engrais azoté, actuellement importé, a été à ce sujet annoncé. Par ailleurs, le ministre a appelé les céréaliculteurs à rembourser leurs crédits contractés auprès de la Badr, dans le cadre du dispositif R'fig dont le taux de recouvrement a atteint 80% actuellement. Pour la campagne 2009/10, M. Benaïssa a indiqué, qu'outre les stocks “importants” d'engrais et de semences constitués actuellement au niveau des CCLS, lesquelles vont approvisionner les céréaliculteurs, un programme de création de nouveaux silos de stockage sera lancé pour combler le déficit constaté cette année, où les autorités étaient contraintes à louer d'autres espaces privés pour contenir l'ampleur de la production. Un programme de mécanisation sera également lancé cette année en vue de renouveler et de moderniser le parc des CCLS. Aussi et pour renforcer la mécanisation de l'activité durant la campagne prochaine, une convention-cadre a été signée entre l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), la Banque de l'agriculture et du développement rural (Badr) et l'Entreprise nationale de commercialisation du matériel agricole (PMAT) pour l'acquisition de 500 moissonneuses-batteuses et des équipements agricoles au profit de ces coopératives. D'un montant de 8 milliards de dinars, cette opération, qui vient renforcer le dispositif déjà mis en place au niveau de la Badr et qui a concerné le financement de l'acquisition du matériel agricole destiné à la production nationale, sera financée par la Badr à hauteur de 50% et le reste par l'Etat. NADIA MELLAL B.