La situation est tendue à la direction générale d'ArcelorMittal Algérie, depuis mercredi, après la sortie médiatique des représentants des travailleurs à propos d'une opération visant la diminution des effectifs du complexe. Réagissant à une information selon laquelle le directeur général d'ArcelorMittal a donné instruction à tous les directeurs de l'entreprise d'établir des listes de travailleurs, le syndicat d'ArcelorMittal n'a pas tardé à réagir. Le secrétaire général du syndicat, M. Smaïn Kouadria, a estimé que cela veut dire clairement que la direction générale est en train de déterrer la proposition de dégraissage des effectifs à hauteur de 1 500 travailleurs en échange d'une augmentation des salaires, tel qu'avancé lors des dernières négociations, “proposition qualifiée, en ce temps-là, de vente concomitante et laquelle avait été rejetée illico presto par les représentants légaux des travailleurs”. Le secrétaire général a tenu à rassurer les travailleurs en affirmant que l'attitude du syndicat d'entreprise et du comité de participation n'a pas changé d'un iota. “Toute idée de compression d'effectifs, même présentée sous forme de départ volontaire, est catégoriquement rejetée”, a-t-il affirmé. Dans un communiqué rendu public hier, le partenaire social (syndicat et CP) a carrément menacé les responsables du complexe : “Si la direction générale n'arrête pas sur-le-champ ses agissements douteux, nous considérerons cette façon d'opérer comme une provocation à laquelle nous sommes tenus de répondre de manière forte afin de rassurer les travailleurs sur le danger qui menace leur devenir et leur gagne-pain.” Les responsables syndicaux informent, par ailleurs, que juste après l'installation des sections syndicales, qui aura lieu le 30 septembre, en présence de la direction générale et de tous les directeurs d'unité, le syndicat “présentera son programme de travail et son plan d'action basés essentiellement sur les points contenus dans l'accord collectif du 1er août 2009 et non appliqués à ce jour”. Le syndicat et le comité de participation ont lancé parallèlement un appel à tous les travailleurs pour faire preuve de plus de vigilance, de rigueur dans le travail, d'une meilleure production et d'une meilleure discipline pour faire échouer toute tentative visant à réduire leur nombre. De son côté, Vincent Legouic, le P-DG du complexe, a annoncé, jeudi, lors d'un point de presse, que la situation de l'entreprise est des plus préoccupantes. Il s'est voulu toutefois rassurant en affirmant : “Actuellement, il n'y a pas de plan social à ArcelorMittal Annaba. S'il y en avait un, les instances représentatives, telles que le syndicat et le comité de participation, c'est-à-dire le partenaire social, devraient être les premiers à être consultés.” Et d'ajouter : “Il est bien évident que la direction générale et l'encadrement du complexe ont le devoir, plus qu'un droit crucial, essentiel et primaire, de préparer le mieux possible l'avenir de leur usine. Bien que nous ne soyons pas encore fixés sur les modalités, l'approche la plus favorable, et je ne l'ai jamais caché, est le départ volontaire avec des aides de départ à la retraite ou au départ volontaire, c'est selon. Comment peut-on admettre qu'une entreprise comme la nôtre dispose de près de 50% d'effectifs affectés à l'administratif ou au commercial ? C'est un ratio que personne n'a atteint, un record. Comment peut-on faire pour alléger cette charge bureaucratique qui pèse lourd sur le fonctionnement de l'usine à longueur d'année ? La solution est de procéder à cette option. Cela nous permettra d'atteindre un niveau de production de 290 tonnes d'acier par travailleur/an en 2010.” Bien que dominante, la question du plan social n'a pas empêché le P-DG du complexe d'aborder les perspectives de son entreprise en termes de production. Selon lui : “Actuellement, nous sommes penchés sur une étude à l'effet d'établir un plan de production fixé pour 2014. Un plan qui sera mis à exécution après la réfection des hauts fourneaux, prévue pour 2013 et qui nous coûtera 100 millions d'euros, nécessitant un arrêt de production de 3 mois. Ce qui est lourd en dépenses. Cela ne se fera pas, néanmoins, sans la consultation préalable du partenaire social.” B. BADIS