Le monde est actuellement en train de mettre en place les bases de la nouvelle conception de la globalisation. Celle-ci repose sur sept piliers principaux qui vont contribuer à changer les aspects du monde sur les plans économique et politique. Nous passons actuellement de la phase de sortie de crise à la préparation de l'environnement pour garantir la stabilité de la reprise. Ceci se fait de manière progressive et les principaux aspects sont perçus à travers les différentes formes de soutien à l'économie mondiale. La nouvelle conception de la globalisation repose, selon mon point de vue, sur sept piliers : 1. La restructuration des institutions internationales de coordination et de régulation existantes. Il s'agit de la reformulation de certaines bases sur lesquelles s'appuyait le monde jusque-là du fait que la crise a été à l'origine une véritable crise structurelle. Le principal aspect de restructuration est la détermination d'un sens plus clair au concept de la régulation et la mise en place de nouveaux instruments qui touchent les instances et les institutions mondiales importantes. — Un système des Nations unies qui passe par une réorganisation de ses différentes structures et prérogatives et une révision des bases sur lesquelles le système mondial a été édifié après la Deuxième Guerre mondiale. — Restructuration et réorganisation du système financier mondial, des institutions financières internationales (Banque mondiale et Fonds monétaire international), ainsi que d'autres institutions, telles que l'Organisation mondiale du commerce. — Apparition de nouveaux instruments, tels que le G20 qui va s'étendre pour inclure certains pays émergents et devenir G24. Il est attendu que l'Algérie en tant que pays émergent rejoigne ce groupe, selon certains indicateurs dont le rapport du FMI qui a considéré que l'Algérie et le Nigeria sont des pays émergents et promoteurs du continent, en plus de la participation de l'Algérie au G8 en sa qualité de représentant du Nepad. Ceci nous laisse croire que l'Algérie peut adhérer au G20 dans sa nouvelle composition. — Restructuration de l'Alliance atlantique (Otan) pour inclure le politique et, surtout, l'économique afin de garantir la sécurité des principes fondamentaux de l'économie de marché. 2. La régulation et l'organisation nouvelle des échanges commerciaux en corrélation avec les nouveaux rapports de puissance. Nous assistons à une recomposition géopolitique et géoéconomique du monde et à la mise en place de nouvelles règles pour la gestion des conflits de faible intensité (low intensity conflicts). Ceci s'effectuera par l'utilisation de moyens plus souples et intelligents “smart power” en substitution aux anciens principes de la force absolue. Les USA, qui resteront la principale puissance, sont en train de revoir leur doctrine pour s'appuyer sur le smart power au lieu du hard power. Ce qui veut dire plus d'utilisation de moyens diplomatiques tout en montrant parallèlement de la fermeté. Les USA vont garder leur position de puissance mais vont partager leur rôle dans la gestion des crises, surtout dans les zones chaudes, avec certains pays acteurs tels que l'UE, la Russie et la Chine, tout en préservant les limites du rôle imparti à chacun et sans avoir à recourir de nouveau à la force absolue comme alternative tout en essayant de trouver des solutions plus diplomatiques. 3. La refonte des principes de l'économie de marché. Ils seront recadrés sans pour autant remettre en cause leurs fondements même si certains se focalisent, depuis le début de la crise, sur l'orientation vers le protectionnisme alors que c'est totalement le contraire. L'orientation est de sensibiliser les Etats quant à leur rôle dans le contrôle et la régulation pour être plus responsables, concrets et transparents en matière de régulation qui constitue un des fondements de la bonne gouvernance. Ceci a été sujet de discussion et de concertation du G20, en particulier après avoir déterminé les causes — manque de responsabilité et de rigueur des Etats dans la régulation et le contrôle — qui ont été à l'origine de l'amplification de la crise financière et économique mondiale. 4. Le renforcement du dollar américain. Il va, pour les années à venir, être une monnaie normative et de mesure et la principale monnaie pour les échanges. Les pays émergents du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena), particulièrement ceux qui disposent d'excédents financiers, tel que l'Algérie, seront appelés à les investir dans le système financier mondial à travers l'utilisation de l'emprunt obligataire. Ceci a été, tout récemment, la principale demande du FMI. 5. La lutte contre le terrorisme et le crime organisé. La guerre que certains pays menaient sur ce plan a commencé à s'élargir et à changer de forme pour devenir plus globale et plus précise et concerne la lutte contre le crime organisé, le trafic de drogue, l'immigration clandestine, la contrebande, le trafic humain et le terrorisme maritime. En fait, les nouvelles menaces exigent de nouvelles réponses. Le terrorisme ne concerne plus uniquement le militaire mais également le politique, l'économique, le financier et le technologique. La lutte contre le terrorisme a ainsi changé d'approche. L'Administration américaine associe la lutte sur le plan militaire aux actions politiques de réconciliation interne ou aux alliances politiques internes pour réduire les coûts et les pertes. 6. La politique de sécurité énergétique et énergies renouvelables. Le principe d'un prix de pétrole équitable “fair oil price”, qui consiste particulièrement à garantir un prix moyen de pétrole stable dans le cadre des négociations et concertations entre tous les pays acteurs, permettra une faisabilité économique du développement des énergies renouvelables. C'est-à-dire rendre possible les investissements dans certains projets, encouragés notamment par les pays occidentaux et qui s'orientent vers la diversification des sources d'énergies et la réduction de la dépendance aux énergies traditionnelles. 7. Faire face à la crise écologique future. Parallèlement au développement d'énergies renouvelables (green energy), il existe des enjeux et des défis qui consistent en la crise écologique qui va suivre la crise financière et économique actuelle. Ainsi, les pays industrialisés comme les Etats-Unis sont en train d'adopter une nouvelle politique pour garantir la disponibilité des ressources énergétiques fondamentales à long terme. On constate par exemple, la restructuration de certaines entreprises multinationales et certaines grandes entreprises qui intègrent la dimension écologique dans leur stratégie de développement et réorientent leurs activités concernant la protection de l'environnement. Nous constatons également un redéploiement des activités de ces groupes sur la base du principe du “rien ne se perd mais tout se transforme”. (*) Arslan Chikhaoui, CEO Nord Sud Ventures Consultancy Center, expert en relations économiques internationales et membre du Word Economic Forum.