Aucune défection n'est à signaler certes, et la participation semble même plus importante que celle de 2008 avec des efforts supplémentaires à tout point de vue. La conférence de presse de l'Association des concessionnaires (AC2A), tenue hier conjointement avec les responsables de la Safex, n'a fait que confirmer le climat de morosité dans lequel intervient la 13e édition du Salon international de l'automobile d'Alger qui s'ouvre aujourd'hui pour durer jusqu'au 10 octobre. Aucune défection n'est à signaler certes, et la participation semble même plus importante que celle de 2008 avec des efforts supplémentaires à tout point de vue de la part aussi bien des exposants que des organisateurs en termes de sécurité et de logistique, selon les affirmations du représentant de la Safex. Celui-ci a d'ailleurs indiqué que la surface d'exposition a augmenté de 10% atteignant ainsi les 25 000 m2 et que le nombre de participants est de l'ordre de 61 dont 27 concessionnaires. Ces derniers promettent à l'occasion de nombreuses surprises et des offres alléchantes et de l'animation qui sera au rendez-vous, tout autant que plus de 30 modèles à faire découvrir aussi bien aux professionnels qu'au grand public. Mais au-delà du show et de l'aspect purement commercial, c'est toute la problématique et les zones de turbulences qui secouent l'activité qui se posent aujourd'hui avec acuité. M. Baïri, président de l'AC2A, annonce la couleur en commençant par énumérer ce qu'il qualifie de “contraintes très fortes” sur l'activité et de les citer successivement : les différentes taxes frappant les véhicules ainsi que le chiffre d'affaires des concessionnaires, les décisions relatives au crédit à la consommation et à l'interdiction du port d'Alger au débarquement des véhicules, la suppression du crédit automobile. Sur ce dernier point, les concessionnaires ont tranché la question, mettant un terme à toutes les rumeurs. “Nous ne pouvons pas nous substituer aux banques. Ce n'est pas notre vocation”, signifiant ainsi le retour à la procédure de vente d'avant-2004. Les membres de l'association représentés à l'occasion par M. Mohamed Baïri, à la fois président de l'AC2A et P-DG d'Ival, M. Omar Rebrab, directeur du pôle services du Groupe Cevital, qui englobe Hyundai, Stéphane Galoustian, DG de Renault Algérie, Abderrahmane Achaïbou, P-DG du groupe Elsecom-Kia-Ford, Sefiane Hasnaoui, DG de Nissan Algérie, qui n'ont pas manqué de déplorer la prise de décision de manière unilatérale nuançant cependant ce mécontentement en expliquant qu'“ils ne sont pas contre des mesures visant à protéger l'économie nationale, bien entendu, mais leur application se doit d'être progressive et suffisamment préparée avec tous les concernés”. L'exemple type est donné pour la dernière décision des pouvoirs publics que les concessionnaires n'ont pas encore digérée et qui consiste à interdire de débarquer les véhicules au port d'Alger. Ils s'expliquent que “jusqu'à ce jour, 100% des véhicules débarquent à Alger, ensuite 40% sont distribués dans l'Algérois et 30% sont acheminés par camion sur l'Est et 30 autres vers l'ouest du pays. Simple question de bon sens et de logique, on peut sans bousculer tout le monde et interdire quoi que ce soit, inviter et si nécessaire sommer les concessionnaires d'un côté, leurs cosignataires et transitaires de l'autre, et aussi les ports autres qu'Alger à se préparer et à s'organiser de telle sorte que sous un délai d'une année ne débarquent à Alger que les 40% destinés à la région centre ; sous peine d'interdiction pure et simple. Résultat, le trafic du port d'Alger est réduit de plus de la moitié et tant les entreprises que les clients ne subissent pas les inconvénients et les surcoûts actuels. Le trafic sur les routes baisse et donc les coûts supportés par les clients baissent aussi”. Sachant que cette disposition fait partie de la panoplie de mesures pour réduire les importations en général et celles des véhicules en particulier, les concessionnaires estiment qu'au lieu de mettre une série d'obstacles aux concessionnaires, aux banques et aux clients, et décourager au passage les investisseurs, il aurait mieux valu se poser les véritables questions qui ont mené à cet état de fait, faisant allusion à l'absence de l'offre locale. Un dossier sur lequel l'AC2A s'est déclarée prête et disponible pour y travailler et apporter sa contribution auprès des ministères, institutions, associations, entreprises, etc. concernés et mettre ainsi un terme à une polémique sourde, mais bien réelle concernant la volonté des uns à investir en Algérie dans la production et l'interrogation des autres sur la faisabilité en l'absence d'un cadre adéquat (tissu industriel). L'AC2A va saisir sur ce chapitre les autorités concernées afin de créer et mettre en place un groupe de travail mixte où les investisseurs potentiels (y compris les constructeurs) en collaboration avec les représentants de l'Etat se rencontreront pour à la fois adopter une approche commune, et inviter les constructeurs à produire leur cahier des charges en vue de leur implication concrète et effective. Pour ce qui est de la fluctuation du marché, M. Baïri a bien expliqué que l'offre est d'ordre mondial et échappe de ce fait au contrôle des concessionnaires au moment même où l'offre est, selon lui, “solvable” étant la résultante, de son point de vue, de plusieurs facteurs. Les programmes de développement, une opportunité pour le marché Le besoin en transport n'est que partiellement satisfait par les transports en commun ; les citoyens se tournent vers l'automobile personnelle. Le parc automobile national est en pleine constitution ; il est encore loin d'atteindre sa maturité, stade ultime de sa croissance où il ne s'agira que de le renouveler. Les programmes de développement du gouvernement sont là : “importants, grandioses et demandent du matériel roulant”, dira-t-il, en précisant que jusque-là le crédit jouait son rôle facilitant l'accès aux véhicules et d'insister : “Les offres en véhicules low-coast foisonnent. Les homologations ne sont pas un obstacle. Le marché de l'occasion reste cher et affiche une tendance haussière et ne concerne pratiquement que les modèles européens et japonais, les Coréens sont déjà là cependant.” Le président de l'AC2A saisira d'ailleurs l'opportunité pour aborder le problème des normes automobiles reconnaissant qu'elles ne jouent pas leur rôle, gonflant la demande en la créant là où elle ne devrait pas exister, ou alors confinée à une portion congrue et marginale, c'est-à-dire les automobiles (voitures, camionnettes, camions, cars et bus) de très bas de gamme. “C'est bien de se concerter, encore faut-il le faire à temps. Car pour les ports, si la concertation était intervenue il y a un an, nous aurions évité les problèmes que nous essayons de régler aujourd'hui”, martèlera-t-il, comme pour rappeler à qui veut bien l'entendre qu'il est grand temps pour notre pays de redéfinir ces normes en associant les entreprises, les bureaux spécialisés, les constructeurs, etc. “Il risque de nous arriver ce qui est arrivé au dossier des ports, une cascade d'interdictions bloquant les entreprises et pénalisant le citoyen”, prévient-il, en expliquant que les normes sont un outil sensible de régulation de la demande. De l'avis de M. Baïri, des normes très faibles pour ne pas dire laxistes entraînent certes de bas prix, mais aussi des véhicules de basse qualité et surtout plus dangereux ; résultat : très bonne accessibilité pour les petites bourses, mais attention aux morts sur les routes à cause de ces véhicules peu sûrs et ne protégeant pas leurs passagers. Des normes fortes, exigeantes, en un mot, proches des niveaux européens signifient un étranglement de la demande du fait des niveaux de prix qui seront atteints, elles signifient aussi moins de morts sur les routes mais les petites bourses en seront exclues. Entre ces deux extrêmes, le choix d'un compromis est politique. L'AC2A est là aussi prête à étudier avec les instances concernées les différents choix techniques possibles et leur impact prévisionnel sur le niveau de la demande. À noter que l'AC2A compte en son sein “plus de 30 adhérents représentant 95% de l'activité dont la contribution en taxe et impôts s'élève à 5 milliards de DA et la création d'emplois directs de 10 000 et plus de 30 000 avec les agents agréés ; sans compter les nombreux emplois indirects créés chez les sous-traitants (sociétés d'informatique, de sécurité, de communication, etc.)”.