L'Occident à la conquête du monde, une extermination sans repentance, de Chems-Eddine Chitour, est un essai de 491 pages, paru aux éditions Enag. Il propose un rappel historique des principales confrontations entre l'Occident et le reste du monde. Dans les huit chapitres du livre, l'auteur développe divers thèmes parmi lesquels “L'extermination des Indiens”, “L'esclavage”, “L'entreprise coloniale”, “L'éducation des indigènes”, “Les thèses sur l'inégalité des races”. Il est aussi question des droits de l'homme, du racisme et de l'islamophobie qui touche aujourd'hui les Européens d'origine maghrébine. L'auteur veut revenir sur les velléités hégémoniques de l'Occident ; hégémonie qu'il situe en 1492, lors de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Chitour nous apprend que les Chinois revendiquent cette découverte. C'est Gavin Menzies, un ancien commandant de sous-marins de la Royal Navy, qui l'attribue à Zheng He en 1421. Une thèse contestée par des spécialistes et historiens, comme Philippe Pelletier, professeur de géographie à l'université Lyon 2, spécialiste de l'Asie orientale. Pour lui, l'argumentaire de Gavin Menzies mélange des faits sérieux, ou avérés, et des interprétations fantaisistes. Chems-Eddine Chitour, qui veut montrer le drame du passage des Occidentaux en Afrique ou ailleurs, rappelle certains épisodes comme la construction du chemin de fer Congo-Océan, ligne reliant Brazzaville à Pointe-noire, qui a couté la vie, selon André Gide, à 17 000 personnes, en raison du travail forcé. Plus loin, Chitour fait une étude “indigeste” de la colonisation, à travers des écrivains et des hommes politiques, afin de montrer que même les plus grands auteurs, tel Victor Hugo, soutenaient la colonisation. Le livre dont le manque d'objectivité est patent, est truffé de commentaires et de jugements inappropriés. À la page 243, l'auteur se demande si “l'islamophobie et le racisme anti-arabe actuels sont consubstantiels à la culture française ? Oui et non !” On trouve également des erreurs qui discréditent le livre, comme “Gérard de Nerval, le poète des Fleurs du mal” ou “Kateb Yacine, un géant de la littérature française”. D'ailleurs, sur ce point, l'éditeur n'a pas correctement fait son travail, laissant ainsi des erreurs et même des fautes d'orthographe. L'auteur se perd également dans d'interminables citations et récits, donnant ainsi un aspect brouillon à son ouvrage. Il manque à cet essai, trop ambitieux, un angle précis et une construction élaborée qui nous auraient embarqués dans une réflexion plus recherchée.