Le président du Venezuela, Hugo Chavez, et son principal allié africain, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, ont célébré lundi leur alliance anti-impérialiste, en échangeant cadeaux et décorations dans l'île vénézuélienne de Porlamar (Nord). "Nous sommes en train d'écrire des pages d'une nouvelle histoire. Nous sommes en train de changer l'histoire, d'affronter l'impérialisme, la bourgeoisie, le sous-développement, le colonialisme", a lancé le dirigeant socialiste vénézuélien lors d'une cérémonie publique. Le Venezuela et la Libye "sont unis dans un même destin, dans la même bataille contre un ennemi commun", a assuré Kadhafi, avant de lancer devant des centaines de militants surchauffés : "Et nous allons gagner !" Les deux hommes se sont ensuite donné une énième accolade pour sceller la fin de la visite du leader nord-africain, placée sous le signe de l'entente cordiale entre les deux pays producteurs de pétrole, qui doivent signer prochainement plusieurs accords de coopération dans différents domaines. Depuis son arrivée vendredi, Kadhafi a été accueilli comme chez lui pour sa première visite en Amérique latine depuis son arrivée au pouvoir il y a 40 ans. Une immense limousine blanche l'attendait à l'aéroport et sa tente traditionnelle bédouine avait été dressée dans l'hôtel de luxe, qui a accueilli ce week-end le deuxième sommet Amérique du Sud-Afrique (ASA). En outre, il est reparti les bras chargés de cadeaux symbolisant l'amitié entre les deux pays. Hugo Chavez, chef de file de la gauche antilibérale latino-américaine, lui a notamment remis le collier de l'ordre du Libérateur, la plus haute distinction vénézuélienne, ainsi qu'une réplique de l'épée du héros national Simon Bolivar, considéré comme l'un des pères des indépendances sud-américaines. "C'est la réplique de l'épée qui a libéré l'Amérique il y a 200 ans", a déclaré M. Chavez, qui a affirmé qu'elle était sertie de "plus de 3 000 pierres précieuses". En échange, M. Kadhafi a offert à M. Chavez une selle et des protections de cheval en argent, tissées à la main, "symboles de la lutte contre l'invasion italienne" de la Libye (1911-1942). Au début du mois, il avait déjà remis la "Médaille du 40e anniversaire de la grande révolution d'Al-Fateh (1er septembre)" au président vénézuélien, pour le remercier d'avoir assisté au 40e anniversaire de son arrivée au pouvoir le 1er septembre 1969. Lundi soir, les deux dirigeants ont également signé une déclaration commune dans laquelle ils ont réaffirmé l'importance de lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d'Etat, et de réformer les Nations unies pour mettre fin à "l'hégémonie" du Conseil de sécurité. "Nous devons rejeter le droit de veto au sein du Conseil de sécurité. Nous ne l'accepterons jamais, pas davantage que les sièges permanents", a déclaré Kadhafi, qui a appelé "l'Amérique du Sud, l'Asie et l'Afrique" à s'unir pour former "le nouveau front du Sud". Les deux hommes ont formalisé le rapprochement entre leurs deux pays en signant un accord de coopération générale en 2006. Depuis, ils ont multiplié les marques d'amitié, comme en mars dernier, lorsque la Libye a baptisé un nouveau stade de football "Hugo Chavez", en hommage à son "programme révolutionnaire au Venezuela".