La mercuriale des fruits et légumes fait des siennes. La moindre chtét'ha vous coûterait les yeux de la tête. Il faut sacrifier à la tradition des petits plats aux légumes d'arrière-saison. Heureusement ! La météo humide nous fait comme une invite : légumes secs au menu. Fèves sèches, lentilles, pois chiches, haricots secs réinvestissent prématurément les meïdate… Par-dessus tout, ce sont les haricots qu'affectionne le consommateur algérien. Le terme loubia désigne chez nous aussi bien la graine que ses préparation. Cette légumineuse représentée par plus de 80 espèces (en majorité originaire d'Amérique) et de nombreuses cousines botaniquement apparentées dont le fameux haricot à œil noir dit loubiate el Kbayel, loubiate el meselmine, loubia bou aaïn (haricot à œil) et aloubian n'timith (haricot au nombril), cultivé chez nous. NOURRITURE D'ENREGIMENTES Le haricot blanc sec, le plus répandu dans le commerce, est entièrement importé. Sa consommation est entrée dans les mœurs culinaires vers les années 1940 par le biais des institutions coloniales : armée, hôpitaux, internat, etc. Les intendances ont intégré ce produit pour des raisons évidentes d'économie et de stockage. Rien n'a changé de nos jours. Les économats en font encore leur mets favori. C'est pourquoi la légumineuse est toujours assimilé à une nourriture d'enrégimentés. La preuve en est ! Il est toujours inconvenant de servir ce mets à des invités. Il reste confiné aux gargotes, cantines et tables familiales. Si le haricot à œil noir au goût fin de noisette très recherché par les connaisseurs et fait l'objet de quelque spécialité, notamment les sauces des couscous d'hiver où il se marie avec la viande séchée et la courge ainsi qu'une excellente marqa au poulet, le haricot blanc, lui, est presque invariablement préparé à l'ail, paprika, tomate et fortement aromatisé au cumin. Quand on y ajoute de la viande, c'est exclusivement celle des bovins. La graine s'accommode également à la tête et aux pieds de veau.