Le marché Amar El-Kama est presque vide. Les fruits et légumes sont à profusion avec leurs habituels prix excessifs pour les petites bourses. L'orange qui ornait naguère toutes les tables, trône entre 100 et 130 dinars. En cette période hivernale, sa consommation quotidienne est plus que recommandée par les médecins. «Mais qui peut l'acheter quotidiennement pour les enfants ?», se demande cette femme au foyer, portant un couffin presque vide. «Mon époux est gardien à l'APC de la Basse Casbah et avec son salaire dérisoire, on n'arrive pas à nourrir correctement plusieurs bouches», observe-t-elle. Cette mère a mis une croix sur les oranges. Elle a acheté un kilogramme de mandarines à 90 dinars. Plus loin, du côté des étals de légumes, elle est surprise de découvrir la pomme de terre plus chère que la veille. De 35 dinars, le prix du tubercule a grimpé à 50 dinars. «Pourquoi cette augmentation subite ?», demande la dame au marchand. Réponse de celui-ci : «La pomme de terre provient de Oued Souf. Elle est récoltée dans le sable. Par contre, l'autre pomme de terre vendue à 35 dinars est pleine de terre. Finalement, la ménagère s'est résolue à acheter une livre de carotte et une autre de navet. Ce sera du couscous avec une sauce rouge. Un autre père de famille s'est contenté d'acheter juste un kilo de pomme de terre. «Au menu d'aujourd'hui, ce sera un potage de lentilles», lance-t-il. Et même cette légumineuse a pris du poil de la bête. De 70 dinars le kg, son prix a doublé en quelques semaines. Idem pour les autres légumes secs. Les pois cassés, les haricots blancs se sont alignés sur le prix des lentilles. Cette employée au standard d'une banque n'est pas au bout de ses peines. Son époux et ses enfants trop exigeants veulent des plats élaborés et diversifiés. Les pâtes sont programmées une fois par semaine tandis que les plats à base de légumes sont quotidiens. Aujourd'hui, son défi est de pouvoir acheter sans dépasser une certaine somme. Une gageure. L'oignon sec est à 70 DA. Le vert de saison est cédé à 50 dinars. « J'ai fait deux fois le tour des étals pour décider quoi acheter. Un poulet à 400 dinars et deux kilos de pomme de terre». D'autres mères de famille ont jeté leur dévolu sur le chou, les carottes et les épinards. « Heureusement, ce végétal est toujours cédé à 10 dinars la botte», dit-elle.