Rendez-vous était pris jeudi passé avec Mehdi El Djezaïri, auteur du roman si controversé, Poutakhine, journal presque intime d'un naufragé, à la filmothèque Mohamed-Zinet (Riadh El Feth). Dans son intervention, Mehdi El Djezaïri, a abordé en premier lieu la censure dont il a été victime. L'auteur n'arrive pas à expliquer le pourquoi de ce comportement alors que deux grandes maisons d'édition, en France et en Belgique, “insistent” pour l'éditer “en exclusivité”. Tandis qu'à Alger, il a rencontré “des refus directs ou indirects” ; il y a même eu “un imprimeur public qui l'a décalé (le livre, ndlr)”. Même des imprimeurs privés l'ont refusé, sauf un qui a accepté de l'imprimer. Mehdi El Djezaïri a aussi annoncé que son livre n'est pas encore en vente faute de diffusion. Après cette première mise au point, l'auteur passe à une deuxième, celle où il explique le pourquoi de son livre. “Je l'ai écrit avec mon cœur, ma sueur”, dira-t-il. Selon lui, le livre contient “95% de transpiration et 5% d'inspiration. Il est véridique.” Tout en poursuivant dans le sillage des précisions et autres mises au point, l'auteur s'interroge sur la classification de son livre : est-ce un récit ou un roman ? C'est beaucoup plus, selon l'auteur, un essai. À cet effet, Mehdi El Djezaïri dévoile que Poutakhine a été écrit suite aux sondages qu'il a réalisés. Tout ce qui est écrit et dévoilé dans ce roman le touche de près. Mais pourquoi le sondage ? C'est le premier métier de l'auteur qui en a fait des dizaines et des dizaines des années durant. “Des sondages qui restent dans le tiroirs !” Dans son livre et à travers les 29 chapitres ou “têtes de chapitre”, il ne révèle que la vérité, bien qu'il appartienne à l'essai et à la fiction. “J'ai fait le sondage en varia (…) J'ai labouré l'Algérie à mes frais” et surtout, il met en évidence la malvie ou plutôt la non vie du peuple algérien. Un état qui n'existe pas depuis un ou deux ans et qui n'est pas dû à l'effet d'un gouvernement, mais c'est plutôt “une situation qui a macéré depuis plus de 40 ans. Car l'Algérien ne veut pas juste boire et manger, il veut vivre”, ajoutera-t-il. Poutakhine, et malgré sont côté virulent, est un hommage que l'auteur rend au peuple algérien, aux femmes enceintes qui ont préféré risquer leur vie pour quitter le pays, aux hommes de 50 ans et plus qui ont aussi opté pour le même tragique avenir… Toutefois, le livre condamne des agissements, notamment le racisme. Par ailleurs, tout au long de cette rencontre-débat où étaient présents des proches de l'auteur et les férus du livre, l'écrivain n'a pas eu de cesse d'affirmer qu'il “n'utilise pas le vitriol”. Et d'ajouter : “Je n'écris contre personne, j'écris pour l'Algérie. Mon livre n'insulte jamais. Je raconte plein de choses, rien n'est inventé (…) Je l'ai écrit avec ma recherche.” Le tout avec une touche d'amour pour pimenter le propos.