Pour la responsable du PT, la LFC 2009 a mis au jour les “contradictions au sein de l'Etat et au sein du gouvernement” et “le chantage”, voire “les pressions internes et les pressions françaises, européennes et américaines”. Le Parti des travailleurs (PT) pense qu'il est temps d'aller vers la rupture avec l'ère du parti unique et de “créer une dynamique sociale et politique”. “Le système du parti unique doit partir, car il représente un obstacle. Ce système est source de problèmes et nous a apporté une couche de parasitaires, des gens qui se sont recyclés dans l'import-import”, a déclaré hier sa secrétaire générale Louisa Hanoune, à l'issue de la réunion du comité central de sa formation, qui a duré deux jours à Zéralda, à la Mutuelle générale des matériaux de construction. Le leader du PT a fait le lien avec le 5 octobre 1988, qui boucle demain son 21e anniversaire, en rappelant qu'à l'époque “la mèche a pris réellement” parce que “les jeunes cherchaient des réponses à leurs problèmes”. Autrement dit, la mèche pourrait prendre aujourd'hui, en l'absence du “développement humain” et en raison notamment des “pressions intérieures et extérieures”. “La loi de finances complémentaire (LFC 2009, ndlr) a apporté un processus de clarification. Elle s'inscrit dans le cadre du processus de résistance et de recouvrement, même partiel, de la décision économique nationale”, a expliqué l'intervenante. D'après elle, cette LFC constitue aussi “un enjeu majeur” qui montre “des contradictions au sein de l'Etat et au sein du gouvernement” et met au jour “les chantages”, voire “les pressions internes et les pressions françaises, européennes et américaines”. Mme Hanoune a même tenu à revenir sur la notion de “gouvernement parallèle” en appelant à l'arrêt de “la politique de pillage compradore”. Au passage, elle a égratigné des membres de l'Exécutif, dont M. Temmar, ministre de la Participation et de la Promotion des investissements, qui semblent aller à l'encontre de “la préférence nationale” contenue dans la LFC 2009. Le PT, a-t-elle soutenu, est en “alerte politique” en raison de “l'attitude timorée du gouvernement”. “Un gouvernement qui corrige est un gouvernement fort, qui grandit l'Etat et inspire confiance, à condition que les moyens démocratiques soient aussi réunis (elle a dit exactement moutawatira)”, a-t-elle dit en ajoutant : “La rupture doit être multiple et comprendre non seulement la nouvelle orientation économique, mais aussi la rupture sur les institutions (de l'Etat).” Dans ce cadre, la chef de la formation politique s'est exprimée sur l'APN, indiquant que le PT, qui est membre de cette Assemblée, “n'est pas pour le bicéphalisme, mais pour une APN représentative”. Quant au Sénat, elle a reconnu que sa formation n'est pas encore en mesure de proposer des militants pour y siéger, en s'offusquant de la corruption politique. “En plus de la fraude électorale, il y a également l'achat des voix pour passer au Sénat”, a révélé Louisa Hanoune. Il n'empêche, cette dernière a fait savoir qu'au nom “des traditions démocratiques d'un parti indépendant, mais pas indifférent”, le PT “peut conclure des accords politiques avec des formations politiques”, en donnant des voix à des candidats au Sénat. Sur le registre de la réforme dans l'éducation nationale, la SG du PT, sans la citer nommément, a estimé que “l'ordonnance de 1996 est la meilleure sur l'école algérienne républicaine”. Elle a cependant clairement fait part de ses doutes sur “celui qui a pris la décision sur le port des tabliers roses et bleus”, alors que les blouses sont pour la plupart importées. Selon elle, l'essentiel est avant tout de se préoccuper de “la situation sociale” des citoyens, des “problèmes qui touchent les enfants et ceux qui les éduquent”, de s'intéresser à la “rationalité” et à “ce que mangent les écoliers dans les cantines scolaires”. “Nous sommes dans une période charnière. Soit le pays poursuit le chemin de la résistance, soit le gouvernement va reculer devant les pressions”, a résumé l'intervenante. Aussi a-t-elle affirmé que “la question politique”, et à travers elle “l'ouverture des médias lourds” et l'initiation de “débats contradictoires sur toutes les questions”, est “une question de sauvegarde”. En tout cas, le PT compte saisir officiellement le président de la République et le Premier ministre sur ces questions décisives et promet de peser sur les décisions qui seront prises.