L'EHS du quartier les Planteurs, seul service spécialisé en maternité, pédiatrie et chirurgie pédiatrique qui fonctionne H24, est au cœur d'un conflit latent qui mine et perturbe totalement le fonctionnement de cet établissement public et qui, à terme, va remettre en cause la prise en charge de la population. C'est du moins le constat que l'on peut faire suite à un conflit qui perdure depuis un an et qui vient d'apparaître avec une journée de protestation organisée par le personnel suite à la suspension de la secrétaire générale de la section UGTA. Cette dernière, en conflit direct avec la nouvelle directrice de l'EHS, le Dr Benbrahim, ayant mis en place le programme de périnatalité “Hôpital ami des bébés”, pour lequel elle devait obtenir un label à la maternité point du jour, accuse celle-ci de l'avoir suspendue illégalement de ses fonctions et d'en donner, selon elle, les causes : “Le collectif des travailleurs a suivi une journée de protestation suite à ma suspension et parce que la directrice a fait trop de mal… Je suis harcelée par cette femme en ma qualité de secrétaire générale de la section. En fait, c'est parce que nous avons dénoncé à la fonction publique le recrutement illégal qu'elle a effectué de 70 vacataires sans respecter la procédure de la fonction publique”. Notre interlocutrice reconnaît que lors de la journée de protestation, organisée ce jeudi, la directrice de l'établissement a été empêchée d'accéder à l'EHS. De son côté, le Dr Benbrahim remet en cause cette version des faits en expliquant que depuis sa prise de fonction, la secrétaire générale de la section n'a pas accepté une remise en cause de sa mainmise sur l'établissement . “Lorsque j'ai été installée en mars 2008 par une décision du ministre de la Santé, cette employée agissait ici, avec quelques personnes, en véritable patronne des lieux, faisant ce qu'elle voulait. Elle n'a pas accepté ma nomination par le ministre et depuis, elle fait tout pour empêcher le bon fonctionnement de cet EHS. C'est sous son instigation que la DSP a effectué depuis que je suis en place pas moins de 28 inspections et rien n'a été retenu contre moi ! J'ai trouvé des services abandonnés, des malades que l'on renvoyait ou qui étaient détournés vers des cabinets à l'extérieur. Il n'y avait aucune organisation pour le service du personnel. Pour l'administration, je ne pouvais recruter que des vacataires licenciés pour faire fonctionner l'établissement”. La directrice de l'EHS, outrée de voir le degré de manipulation existant autour de ce qui se passe dans ses services, ajoute qu'elle a été empêchée violemment d'accéder à son service. “J'ai dérangé un système de fonctionnement et maintenant, en temps que médecin et chercheuse, je suis seule à me battre. Cette personne a déjà fait l'objet d'un retrait de confiance, et je m'interroge sur le fait que sa hiérarchie ne réagisse pas. Sa suspension est justifiée car elle fait tout pour empêcher l' EHS de fonctionner.” Des intérêts, des habitudes bien en place, et donc une question de pouvoir remis en cause, seraient peut-être à l'origine de ce conflit. Dans tout cela, la population des Planteurs paie encore une fois les frais de ces histoires récurrentes de “pouvoir” au sein du système de santé d'Oran. L'EHS des Planteurs n'est pas un cas unique, c'est ce qui est révoltant. La DSP est interpellée pour, cette fois-ci, se placer avant tout dans la logique de la satisfaction des besoins des malades. C'est là sa finalité et la seule voie au conflit.