Une table ronde sur “la filière du lait et ses dérivés” s'est tenue hier à l'hôtel Royal d'Oran, venant ainsi clôturer le cycle de rencontres et de conférences programmées durant les “journées italiennes d'Oran” du 3 au 7 octobre, organisées par l'Institut italien pour le commerce extérieur et plusieurs autres institutions algériennes. Cette manifestation économique et culturelle a été qualifiée par l'ambassadeur d'Italie, M. Giampaolo Cantini, de “positive” à plus d'un titre, permettant du côté italien de “cibler des actions et des filières précises : la pêche, l'huile d'olive, les énergies renouvelables, etc.” Ainsi la table ronde a regroupé les représentants des pouvoirs publics, comme le directeur de l'Agence nationale de développement de la PME (ANDPME), les représentants des Chambres de l'agriculture de l'Ouest, des industriels laitiers, des éleveurs et surtout des experts italiens du Parc technologique agroalimentaire de la région de l'Ombrie. Un panel de professionnels et d'acteurs s'est succédé afin de dresser un état des lieux de la filière du lait dans notre pays car l'expertise et le transfert du savoir-faire sont l'enjeu algéro-italien de l'heure pour la région ouest. En fait, la filière du lait aujourd'hui repose sur un système d'élevage totalement archaïque dans la majorité des cas : l'absence de maîtrise de conduite d'élevage, des cheptels pas assez importants avec un patrimoine génétique à améliorer, la production dans la région et même ailleurs ne dépasse pas les 15 litres par vache, l'absence de généralisation de l'insémination artificielle, une alimentation mal adaptée, mal maîtrisée et chère, puisque provenant de l'importation, l'absence de sol, de fourrage vert, etc. Ce sont là autant de points et de demandes de savoir-faire, de formation qui ont été transmis auprès des experts italiens. Ces derniers, d'ailleurs, au terme d'une mission qui les a menés dans les wilayas d'Oran, de Tlemcen et de Sidi Bel-Abbès, ont identifié les faiblesses et les atouts dans les élevages et la filière du lait. L'on retiendra des propos du professeur Luciano Concezzi : “la mauvaise collecte du lait cru à partir de moyens inappropriés, l'absence de système de réfrigération ; conséquence : du lait ayant une charge bactérienne trop élevée et donc de mauvaise qualité.” Parmi les points positifs : des éleveurs réceptifs à la recherche du savoir-faire, des potentialités importantes pour le fourrage vert qui peuvent être développées. D'ores et déjà, ces derniers évoquent la réalisation d'une étude pour une opération-pilote et le lancement de deux ou trois projets. Du côté du représentant des industriels du lait, toute son intervention a eu pour but de revendiquer une libéralisation des prix du lait “qui est encore un produit soumis toujours aux prix administrés. Les mécanismes économiques doivent réguler le secteur : un équilibre macroéconomique entre l'éleveur et le laitier”, dira M. Larbi Abed, représentant du Sipa. Pour les Italiens, il est clair que le partenariat va se construire avec un transfert de savoir-faire : “Car pour l'Algérie, c'est la satisfaction de la demande interne qui prime”, a conclu l'ambassadeur en marge de la table ronde.