Deux personnes ont été tuées par un policier en faction devant le siège de la 11e sûreté urbaine de Gué-de-Constantine. L'incident s'est déroulé mercredi dernier en début de soirée. Selon la cellule de communication à la DGSN, le policier en question a tiré, “dans des circonstances qui restent à déterminer, sur deux citoyens qui circulaient à bord d'un véhicule de marque Peugeot 307, à hauteur de ladite structure, les atteignant mortellement, et occasionnant des blessures à un policier qui était sur place”. Selon la même source, le policier sera immédiatement arrêté et désarmé par ses collègues avant d'être placé en garde à vue à la Division centre de la Police judiciaire (PJ) d'Alger, chargée de l'enquête. Informé du drame, le procureur de la République près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs s'est déplacé sur les lieux pour s'enquérir de la situation. Selon la même source, le représentant du ministère public a ordonné l'ouverture d'une enquête et, dès sa clôture, la présentation du présumé auteur de l'incident devant la justice. Et si le communiqué de la DGSN ne fait pas référence aux circonstances dans lesquelles se sont déroulés les faits, il est à s'interroger pourquoi le policier n'avait pas procédé à l'arrestation des deux citoyens s'il y avait une quelconque suspicion ou un violent échange verbal. Car, selon des sources policières, le policier incriminé aurait arrêté le véhicule pour un contrôle de routine avant qu'une discussion ne s'ensuive entre lui et les victimes. Selon ces sources, le policier aurait alors perdu son sang-froid n'ayant pas accepté que les occupants du véhicule haussent le ton. Une version qui reste toutefois à confirmer par les enquêteurs qui auront à interroger le policier en question ainsi que ses collègues et d'éventuels témoins. Et dans ce cas de figure, le policier, en sa qualité d'auxiliaire de justice, aurait dû appréhender les deux citoyens “pour atteinte à corps constitués”, au lieu de recourir à l'usage de son arme. Les enquêteurs auront également à exploiter les résultats de l'autopsie des deux victimes pour savoir s'ils n'étaient pas sous l'effet de psychotropes ou autres matières prohibées. La DGSN, qui présente ses condoléances aux familles des deux victimes, “déplore le regrettable incident à l'origine du décès de deux citoyens”. Mais les faits sont là et ce genre d'incidents devient, depuis quelques mois, récurrent, mais surtout inquiétant. L'été dernier, un policier a tué accidentellement son collègue à Azazga (Tizi Ouzou), une erreur selon les premiers éléments de l'enquête avancés après l'incident. Au mois de Ramadhan, un policier a tiré, un quart d'heure avant le f'tour, à Sidi-Salem (Annaba) sur ses voisins, touchant mortellement trois personnes. Il y a quelques mois, un agent de la Police des frontières (PAF) au port de Béjaïa, âgé d'environ 50 ans, a tiré plusieurs balles sur son supérieur, le commissaire intérimaire, âgé de 34 ans, avant de se donner la mort en se tirant une balle dans la tête. Un drame qui a ébranlé toute la corporation. À l'origine, selon les enquêteurs et les témoignages recueillis sur place, une altercation verbale entre les deux hommes. Des précédents gravissimes, parmi tant d'autres, qui interpellent les autorités compétentes : que d'altercations verbales qui tournent au drame, que de refus d'obtempérer aux consignes de sécurité et de contrôle routiers par les automobilistes, rien ne justifie l'usage des armes par des auxiliaires de justice qui perdent leur sang-froid pour endeuiller des familles entières et cette noble corporation.