Pour ses animateurs, le mouvement citoyen s'est fixé comme plate-forme “un projet national qui représente une alternative à la crise multidimensionnelle que traverse le pays”. Des membres de la présidence tournante ainsi que des délégués de la CADC de Tizi Ouzou ont animé un point de presse, hier, pour répondre aux interrogations suscitées par l'invitation du président de la république. Les délégués se sont déclaré “surpris !” par la formulation de l'invitation qui parle de “ce qui ne porte pas préjudice à l'unité du peuple algérien et à l'intégrité de l'Algérie éternelle”. Leur surprise, ont-ils souligné, est d'autant plus grande que le mouvement citoyen “a toujours combattu pour une Algérie unie et indivisible”. “Le projet de société véhiculé par la plate-forme d'El-Kseur telle qu'explicitée à Larbaâ Nath-Irathen est un projet national qui représente une alternative à la crise multidimensionnelle que traverse le pays”, ont-ils réaffirmé. Pour la suite à donner à l'invitation présidentielle, elle sera formulée lors d'une réunion de l'interwilayas après consultation de la base. Mais les délégués disent attendre l'intégralité du discours présidentiel pour se faire une idée plus précise de ses intentions. Or, il n'y a pas eu de discours. L'invitation a été lâchée au détour d'une discussion vraisemblablement programmée. Les réserves manifestées ne proviennent, selon Belaïd Abrika, que d'une première lecture qu'il faudrait compléter en se concertant avec les délégués mais surtout avec la base citoyenne. La figure emblématique du mouvement estime que, sur le plan de la forme, “une avancée positive a été enregistrée par le mouvement citoyen” qui se voit pour la première fois invité publiquement et officiellement par le président de la République. Sur le fond, l'incompréhension demeure du fait que l'invitation comporte des accusations sournoises concernant l'unité du peuple et l'intégrité du territoire. Une manière de dire que le mouvement citoyen véhicule des idées indépendantistes. Les délégués de la CADC, dont Tahar Temmim de Aïn El-Hammam, Mouloud Boumekla de Tizi Rached et Belaïd Abrika, lors du point de presse d'hier, se sont dit non concernés par cela, car “le mouvement citoyen s'est toujours battu pour une Algérie unie et indivisible”. Abrika a souligné que le mouvement citoyen ne cherche pas “de solution hypothétique, mais définitive, qu'il faut mûrir, pour ne pas tomber dans un piège, après 27 mois de combat citoyen”. Des signes devraient apparaître lors du prochain conclave ordinaire de la CADC prévu à Aïn El-Hammam jeudi et vendredi. Un conclave extraordinaire de l'interwilayas pourrait ensuite être convoqué pour examiner la situation à la lumière des nouvelles données. Par ailleurs, les délégués ont qualifié de “politique” le renvoi au 11 août de la décision de la chambre d'accusation, prévue hier, au sujet des 34 ex-détenus dont Belaïd Abrika. K. S. La plate-forme d'El-Kseur 1- Pour la prise en charge urgente par l'Etat de toutes les victimes blessées et familles des martyrs de la répression durant ces évènements. 2- Pour le jugement par les tribunaux civils de tous les auteurs, ordonnateurs et commanditaires des crimes et leur radiation des corps de sécurité et des fonctions publiques. 3- Pour un statut de martyr à chaque victime de la dignité durant ces évènements et la protection de tous les témoins du drame. 4- Pour le départ immédiat des brigades de gendarmerie et des renforts des URS. 5- Pour l'annulation des poursuites judiciaires contre tous les manifestants ainsi que l'acquittement de ceux déjà jugés durant ces évènements. 6- Arrêt immédiat des expéditions punitives, des intimidations et des provocations contre la population. 7- Dissolution des commissions d'enquête initiées par le pouvoir. 8- Satisfaction de la revendication amazigh dans toutes ses dimensions (identitaire, civilisationnelle, linguistique et culturelle) sans référendum et sans condition, et la consécration de tamazight en tant que langue nationale et officielle. 9- Pour un Etat garantissant tout les droits socioéconomiques et toutes les libertés démocratiques. 10- Contre les politiques de sous-développement, de paupérisation et de clochardisation du peuple algérien. 11- La mise sous l'autorité effective des instances démocratiquement élues de toutes les fonctions exécutives de l'Etat ainsi que les corps de sécurité. 12- Pour un plan d'urgence socioéconomique pour toute la région de Kabylie. 13- Contre tamheqranit (hogra) et toutes les formes d'injustice et d'exclusion. 14- Pour un réaménagement au cas par cas des examens régionaux pour les élèves n'ayant pas pu les passer. 15- Institution d'une allocation-chômage pour tout demandeur d'emploi à hauteur de 50% du SNMG. Nous exigeons une réponse officielle, urgente et publique à cette plate-forme de revendications.