Résumé : Kamel écoute attentivement la suite du récit de Chahira. Cette dernière lui avoue avoir fait de la prison sous d'autres cieux. Kamel a du mal à le croire. Pourtant, c'est la vérité. 47eme partie Chahira se tut un moment et semble pensive. - Qu'est-ce que j'ai fait ? Mais je n'ai rien fait, s'écrie-t-elle, soudain prise d'une crise nerveuse. Kamel met sa main sur la sienne : - Calme-toi. Je suis là. Ne crains rien, tu n'es plus parmi ces loups. Elle regarde la main de Kamel posée sur la sienne un moment, puis prenant ses doigts entre les siens elle les serre bien fort - Oh ! Kamel, c'est affreux, la prison. Le froid du parquet, l'humidité des cellules et toutes ces prisonnières avec qui j'ai partagé la cellule et qui étaient de vraies criminelles. Elles me tabassaient et me jetaient leurs ordures au visage. J'avais les joues constamment contusionnées. Les gardiennes étaient d'une méchanceté incroyable et nous vidaient des seaux d'eau glacée sur la tête quand les autres faisaient du tapage. Tu ne peux pas savoir quel enfer j'ai pu fuir. - Mais je ne connais toujours pas la cause de ton incarcération. - La drogue. - Quoi ? Tu étais aussi dans un réseau de drogués ? - Non, je te jure devant Dieu que je n'y ai jamais touché. Mais lors d'une descente de police quelqu'un a dissimulé un paquet de cocaïne dans mon sac. Et me voici embarquée dans un panier à salade et accusée de tous les maux. Les policiers n'ont pas été de main morte, d'autant plus que j'étais une émigrée. - Et ton fameux mari dans tout ça ? - Je n'ai plus jamais entendu parler de lui, depuis que la sentence de mon incarcération est tombée. - Tu en as pris combien ? - Cinq ans. Cinq années de souffrance et d'humiliation, où j'ai fait tous les travaux forcés désignés aux bagnards. Je suis devenue squelettique. Je n'avais plus que la peau sur les os. J'ai essayé de contacter mes parents, mais ces derniers ayant eu écho de ce que je faisais, et surtout de mon emprisonnement pour trafic de drogue, m'ont totalement reniée. Mon père a été jusqu'à déchirer la feuille comportant mon nom sur son livret de famille. On ne voulait plus de moi. Et je comprends fort bien les raisons. Je les ai tous déshonorés. Ma famille a dû déménager du quartier où nous habitions. Je n'ai plus des nouvelles de quiconque. - Et à ta sortie de prison ? - Eh bien, à ma sortie de prison, un passeport et une pièce d'identité provisoire m'ont été établis par notre ambassade et à la demande des autorités habilitées je fus expulsée et renvoyée tel un paquet de linge sale dans un avion cargo à destination d'Alger. Chahira avait des cernes sous les yeux et ses mains tremblaient. À ce moment le serveur revient pour prendre la commande. Y. H. (À suivre)