Cette fois-ci, les émeutiers ont eu recours aux cocktails Molotov. Plusieurs blessés et arrestations ont été enregistrés au cours de ces heurts qui ont provoqué un mouvement de panique chez les citoyens d'El-Madania et d'El-Mouradia. Ce n'était que partie remise entre les forces de l'ordre et les habitants de Diar Echems. Ces derniers, après une légère accalmie ce matin, ont décidé de reprendre les hostilités. Hier soir, en effet, les émeutes se sont propagées dans les autres quartiers d'El-Madania comme Diar El-Mahçoul et jusqu'au quartier voisin relevant de la commune d'El-Mouradia, à savoir la Redoute. Des affrontements bien plus violents que ceux de la veille. Cette fois-ci, les émeutiers ont eu recours aux cocktails Molotov. Plusieurs blessés et arrestations ont été enregistrées au cours de ces heurts qui ont généré un mouvement de panique chez les citoyens d'El-Madania et d'El-Mouradia. Les policiers anti-émeute, qui ont doublé leurs effectifs, ont réussi contrairement à avant-hier à s'infiltrer jusqu'au quartier qu'ils ont totalement quadrillé. Même avec du gaz lacrymogène, les émeutiers ont pu résister et se montrer intraitables, usant de toutes sortes de projectiles, des pierres, des bouteilles de limonade en verre, des barres de fer… Ils ont même décidé de barrer la route aux policiers en plusieurs endroits, avant que la police n'intervienne pour dégager les accès. La route menant de Bir-Mourad-Raïs à El-Madania a été fermée à la circulation. Des dizaines de personnes se sont retrouvées du coup bloquées et n'ont pu rentrer chez elles. Cette remontée des hostilités est due aux jeunes arrêtés avant-hier et qui n'ont pas été relâchés comme promis par les autorités. Il s'agit, au fait, d'une trentaine de jeunes émeutiers qui étaient l'objet d'un compromis qui, selon les habitants, n'a pas été respecté. Auparavant, à Diar Echems, tout était calme. Mis à part quelques débris de verre, rien ne présageait d'une journée d'émeutes. Hier, à 9h30, tout le monde vaquait à ses occupations. On avançait à petits pas dans ce secteur réputé à risque où même les forces de sécurité soutenues par un imposant renfort n'ont pu accéder. Notre surprise fut grande lorsqu'un des émeutiers de la veille, que nous avons retrouvés, se sont montrés disponibles à donner leur version des faits sur ce qui s'est passé lundi dernier. C'est dans le quartier le plus chaud d'El-Madania que nous avons rencontré Halim et discuté avec lui et certains de ses camarades, qui habitent eux aussi Diar Echems, des raisons du soulèvement de lundi. Pour eux, il n'y a pas de doutes, ce sont les services de sécurité qui ont commencé les hostilités. “Il n'y avait aucune place pour le dialogue. Nous n'avons fait que nous défendre. Nous vivons dans une misère totale ; il n'y a même pas le minimum d'hygiène. Nous sommes plusieurs familles à partager un appartement, une pièce-cuisine. Au lieu de nous permettre de bénéficier d'un logement décent, on nous réserve les matraques. On ne se taira pas. Venez avec moi, venez voir où nous vivons ; des conditions en deçà du minimum de dignité humaine. Et dire qu'on est au cœur de la capitale”, criait Halim. Le spectacle, en effet, n'était pas beau à voir : des dizaines de constructions de fortune collées les unes aux autres. Halim ne se retient plus. “Regardez, vous appelez ça des conditions de vie ? Et avec ça, dès qu'on ouvre la bouche pour parler et demander l'amélioration de nos conditions, on nous envoie la police”, s'est-il écrié. “Nous avons donné un ultimatum aux autorités qui expirera le 1er novembre prochain ; si rien n'est fait d'ici là, on reprendra notre protestation”, a-t-il averti. C'est sur cette sommation des habitants de Diar Echems que nous quittons Halim et ses voisins. Direction l'APC d'El-Madania. Sur place, au siège de la mairie, le président de l'Assemblée communale s'est, sans attendre, mis à notre disposition et a donné sa version des faits. Sûr de lui, il nie avoir toute relation avec ce qui s'est passé et se dit “élu et représentant de la population”. “Ce qui s'est passé, c'est que des habitants ont décidé de squatter le stade. Je suis intervenu pour leur demander d'arrêter car cela est illégal. Il s'agit de constructions illicites. Je les ai reçus, j'ai discuté avec eux et j'ai pensé que tout était rentré dans l'ordre.” Ce n'était pas le cas, puisqu'hier encore, Diar Echems ne décolérait pas.