La Grande-Bretagne, qui avait durci le ton contre l'immigration, est-elle en train de revoir sa vision sur ce phénomène ? Apparemment oui sur le plan organisationnel, surtout après la création, pour la première fois, d'un poste de chargé des affaires de la migration au niveau des ambassades britanniques, implantées dans 39 pays, dont l'Algérie. Cette information a été livrée, hier, par la chargée des affaires de la migration à l'ambassade de Grande-Bretagne à Alger, Sandy Belfitt. Ayant à son actif plus d'une dizaine d'années de travail au ministère britannique des Affaires étrangères (MAE), ainsi qu'une expérience dans les Douanes, puis au niveau des services des visas aux Îles Maurice, cette dernière a fini par rejoindre de nouveau le MAE, particulièrement l'institution chargée de la migration, et se trouve, depuis 6 mois, dans la capitale algérienne. La rencontre que Mme Belfitt a organisée, hier, avec quelques journaux nationaux, a pour finalité de faire connaître son rôle dans les questions liées à la migration. Dans ce cadre, la responsable britannique a expliqué que son rôle consiste à “mettre en œuvre l'accord de 2006”, établi entre Alger et Londres, lors de la visite du président Bouteflika en Grande-Bretagne. Un accord qui porte sur “le retour des Algériens qui ont demandé l'asile, mais qui ne l'ont pas eu et ceux qui ont fini de purger leur peine de prison au Royaume-Uni”. “Je suis ici pour coordonner le travail avec le gouvernement algérien”, a également indiqué Sandy Belfitt, en se référant cette fois au “contrôle de l'immigration clandestine dans la région subsaharienne et la région méditerranéenne”. L'autre mission qu'elle est appelée à réaliser est de “mettre en œuvre les objectifs du MAE (britannique), quant à une meilleure gestion de l'immigration par voie légale”. Mais, ce n'est pas tout, puisque Mme Belfitt a assuré que son service, en partenariat avec l'organisation internationale de la migration, aura la charge d'assister les personnes rapatriées, en leur octroyant une somme d'argent et en les aidant, durant 3 mois, sur le plan de l'éducation/formation, de la réalisation d'un projet personnel ou d'un soutien médical et sanitaire. Invitée à illustrer ses dires par des chiffres, notamment sur les Algériens, la chargée des affaires de la migration a confié qu'elle ne dispose pas de “statistiques spécifiques de l'Algérie” ni de “chiffres exacts” en raison de l'absence d'un “système de vérification en place”. Mme Belfitt communiquera, cependant, aux journalistes présents le nombre d'Algériens établis légalement dans son pays, qui avoisine les 29 000. Elle confiera par la suite que près de 308 Algériens, en situation irrégulière en Grande-Bretagne, ont été rapatriés en 2008. De plus, sur les 5 400 étrangers emprisonnés en Grande-Bretagne et qui ont purgé leur peine, se trouvent 156 Algériens, rapatriés la même année (en 2008). Sur le registre des demandes d'asile émanant des Algériens, elle attestera que 55 demandes ont été déposées entre avril et juin 2009, dont 50 demandes introduites par des personnes se trouvant déjà au Royaume-Uni. Il s'agit, selon elle, de “35 demandes refusées, 15 demandes retirées (par les demandeurs) et 5 demandes recevables”. Pas moyen de connaître les raisons de la recevabilité de certaines demandes d'asile, ni l'âge des demandeurs d'asile, encore moins les argumentations qu'ils avancent pour justifier leur requête. La responsable est aussi restée silencieuse sur le nombre des harragas algériens et sur nos concitoyens emprisonnés en Grande-Bretagne pour implication dans les actions terroristes. Les seules autres informations chiffrées que Sandy Belfitt nous a communiquées se rapportent aux 200 prisonniers algériens de droit commun. “Mon rôle est de poursuivre la mission de rapatriement des Algériens prisonniers de droit commun pour différents délits : les abus sexuels, la violence et le vol”, a-t-elle déclaré. Sur un autre plan, la chargée des affaires de la migration a informé qu'elle a rencontré, en septembre dernier, des responsables du ministère des Affaires étrangères. Elle a eu également l'occasion de s'entretenir, le même mois, avec des représentants de la communauté algérienne en Grande-Bretagne. Plus récemment, elle a demandé une audience au ministre de la Solidarité nationale “pour discuter du mécanisme de rapatriement”.