La parade étant de déjouer les enchères imposées par certains élus, les alliances font fureur et deviennent difficiles sur des terrains conquis aux formations majoritaires. À la guerre comme à la guerre, les partis politiques, dont le Front de libération nationale (FLN) de Belkhadem, le Rassemblement national démocratique (RND) de Ouyahia et le Mouvement pour la société et la paix de Soltani (MSP), tentent tant bien que mal de courtiser les élus à l'approche des élections sénatoriales du mois de décembre prochain. Et si le procédé de l'“achat” des voix fait fureur, une méthode politiquement incorrecte et qualifiée d'immorale par les formations du RND et du FLN, il est évident que ce ne sont guère les palliatifs qui manquent sur un terrain miné par le nerf de la guerre : l'argent. En effet, selon des sources parlementaires, des alliances naissent chaque jour, la plupart sont le fait d'élus indépendants ou d'élus de partis politiques qui trouvent en cette occasion une aubaine pour faire valoir leur réputation ou s'enrichir. Malgré les fermes instructions notifiées aux coordinateurs de wilaya, les partis peinent à “moraliser” la vie politique car, en fait, même ces alliances sont assujetties au chantage de l'argent dans certaines situations. Selon des députés interrogés à ce sujet, “il est clair que les coalitions relèvent d'un procédé légal et visent essentiellement à gagner des voix. Mais, faudra-t-il gagner aussi la bataille contre ceux qui imposent la méthode pécuniaire pour tisser ces mêmes alliances !” Au FLN, comme au MPS, mais aussi au RND qui se trouve en pole position, car menacé dans le maintien de ses sièges au Sénat, on multiplie les tractations, on consulte les sénateurs, dont la plupart veulent prolonger leur mandat, et on peaufine d'ores et déjà les listes de candidats crédibles susceptibles de glaner des voix auprès des élus de leurs propres formations, mais surtout des élus indépendants devenus un véritable réservoir. Mais ces derniers, dans certaines régions du pays, comme dans les grandes villes, veulent, eux aussi, aller en force vers cette élection. Sans toutefois trouver de soutiens financiers et de parrains, ce qui les rend tributaires d'une cooptation, voire d'un choix mutuel au sein même de leurs tribus politiques. En revanche, le parti islamiste de Soltani peine à amasser ces voix dispersées après une sévère crise née de la dissidence de Abdelmadjid Menasra qui a créé une saignée sans précédent dans les rangs du MSP. Une saignée qui a même touché des élus dans plusieurs wilayas du pays et qui, sans doute, aura des répercussions sur le bon déroulement des primaires. Cela va sans dire que les islamistes s'accordent à trouver leurs propres réservoirs en s'appuyant sur leurs élus actuellement en poste dans le Parlement. Entre l'appétit politique des uns et l'ambition de siéger au Sénat des autres, quitte à débourser des sommes colossales ou à faire des alliances contre nature, les prochaines sénatoriales remettent sur le tapis le débat d'idées qui manque cruellement aux partis.