À deux jours à peine de la tenue des élections présidentielle et législatives tunisiennes, la ville de Tunis, toute en rouge et blanc — les couleurs du drapeau tunisien, mais aussi celles du parti du président Ben Ali, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) —, respire une sérénité qui en dit long sur l'issue de ces joutes électorales. Sans l'ombre d'un doute, le président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, sera réélu pour un cinquième mandat. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour dans la capitale tunisienne dont les artères, les avenues et les boulevards sont parés du portrait de l'homme fort du pays. Des banderoles frappées de mots d'ordre louant ses prouesses et appelant à sa réélection sont accrochées ici et là comme pour témoigner de l'adhésion du peuple tunisien à sa cause. Autre indice annonciateur de la victoire inéluctable du président Ben Ali : l'ambiance festive qui se dégage du siège du RCD, tout en verre, qui trône majestueusement au centre-ville, au boulevard du 7-Novembre-1987. Les posters des trois autres candidats (Ahmed Brahim du parti communiste Ettajdid, Mohamed Bouchiha du Parti de l'unité populaire et Ahmed Inoubli de l'Union démocratique unioniste), on ne les rencontre que dans les espaces réservés à l'affichage. Chose remarquable : on n'affiche pas où l'on veut et pas un seul poster d'un quelconque candidat n'est déchiré. Belle leçon de civisme de la très disciplinée Tunisie à sa fière voisine de l'Ouest dont les joutes électorales se sont souvent distinguées par un affichage anarchique et sauvage. Et contrairement à l'Algérie, la campagne électorale tunisienne n'est pas aussi animée. Moins passionnée, surtout. Différence de tempérament ? Peut-être. Un constat : la Tunisie de Ben Ali donne l'air d'un pays qui ne veut pas se laisser happer par le tourbillon des passions politiques et préfère plutôt focaliser ses forces sur l'essentiel : gagner la guerre du développement. Des batailles, elle en a remportées plusieurs. La preuve ? Des organismes internationaux au sérieux indiscutable ont accrédité la Tunisie de très bonnes performances dans plusieurs domaines (compétitivité économique, éducation, niveau de vie…) que des pays autrement plus nantis n'ont pas pu réaliser. Un argument de poids qui jouera en faveur de la réélection de l'actuel locataire du palais de Carthage. Aussi, ses partisans donnent l'impression de jouer sur du velours. Et ils sont sûrs de ratisser large. C'est peut-être pourquoi la campagne électorale, clôturée hier à minuit, s'est déroulée dans une sérénité quasi parfaite. C'est-à-dire, sans grand tapage ni heurts. Jeudi, le président Ben Ali, accompagné de son épouse, s'est rendu au village électoral où il s'est permis un bain de foule. Hier, ses partisans ont organisé à l'espace du 13-Février une rencontre des organisations de la société civile, à leur tête l'Union nationale des femmes tunisiennes (Unft). D'une seule voix, elles ont toutes exprimé leur soutien au candidat Ben Ali. Les raisons d'un tel choix ? Les réalisations de l'homme depuis son accession au pouvoir, mais aussi l'ambition qu'il nourrit pour le pays. C'est pourquoi, explique la présidente de l'UNFT, le gros des 10 000 associations que compte le pays a porté à bras-le-corps la candidature du président Ben Ali dont la réélection est chose certaine.