Ça fait quelque temps que certains journaux font leurs choux gras, voire jettent leurs pixels dégoulinants sur la “guerre virtuelle” qui oppose les hackers égyptiens aux Algériens, en jetant parfois de l'huile sur le feu, comme le veut, selon eux, ce beau métier qu'est le journalisme. Après l'attaque du site du quotidien arabophone Ech Chourouk, par des supposés pirates égyptiens, l'écho de la contre-attaque des “hackers” algériens ne s'est pas fait attendre, de gros titres spectaculaires qui flirtent avec la glorification de la “lourde revanche” ont très vite envahi les manchettes. On a donc rapporté en long et en large les “dégâts” causés (par “nos” hackers, les “meilleurs” du monde arabe) aux sites “gouvernementaux” égyptiens…Si toutes ces déclarations sont à prendre avec des guillemets, c'est pour l'absurdité du traitement de ces informations par les médias (algériens, égyptiens et même américains), usant de termes plus explosifs que les actes eux-mêmes : “cyberguerre”, “guerre sur le Net”, “revanche”, “lourdes menaces”… Pourtant à y voir de plus près, ces attaques ressemblent plus à un petit jeu de cache-cache – sans profondes conséquences qui durent rarement plus d'une heure – qu'à une déflagration mondiale. La fameuse guerre consiste le plus souvent à remplacer la page d'accueil d'un site par une page (souvent d'un goût artistique douteux) que les super-hackers truffent de déclarations (pas génialement poétiques non plus) à la gloire de leurs équipes de football. Résumons. Des informaticiens hyper- intelligents, bien sûr grands amateurs de football comme l'exige la compétence, s'amusent à chercher les failles dans des sites qui n'ont d'importance que leur nom, vu que leur physionomie peu complexe et leurs contenus pauvres, voire anecdotiques ne peuvent représenter un réel challenge pour des génies de si “gros calibre”. En effet, même avec le regard du néophyte, on peut rapidement constater que des sites comme celui de la chanteuse Haïfa Wahbi, du ministère de l'Industrie militaire égyptien ou même de sa présidence, du journal Ech Chourouk ou de la télévision algérienne, ne sont là que pour occuper l'adresse, remplissant principalement la fonction de figuration, les sécuriser revient par exemple à garder un grand monument (certes symbolique mais sans utilité vitale) en plein centre-ville ! Quelle serait alors la meilleure façon de le protéger des petits “tagueurs” avec leurs dessins éphémères ? Mobiliser H24 toutes les forces armées, ou choisir de poster deux ou trois gardes à la ronde en prenant le risque de laisser glisser de temps à autre un ou deux “tagueurs” qui n'auront même pas le temps de colorier leur petit miki ? On peut alors penser que tout ce tapage médiatique autour des hackers est ridicule, ne faisant qu'alimenter un peu plus une “haine” où l'on veut impliquer même ces surdoués de l'informatique, qui, malheureusement pour certains, se font manipuler par des médias en manque flagrant de génie(s).