Le chef de l'Etat a pris la défense de l'Afrique contre les pays développés. La Conférence ministérielle régionale pour la promotion de la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée se déroule, depuis hier et ce, jusqu'à aujourd'hui, au Palais des nations du Club-des-Pins, à Alger, en présence de plusieurs pays. La Conférence, dont les travaux ont lieu à huis clos, enregistre notamment la présence du directeur du centre de l'ONU de promotion de la convention contre ce fléau à Vienne, Antonio Maria Costa. Le discours du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en ouverture de la séance inaugurale, a été un plaidoyer pour l'Afrique dans sa lutte contre la criminalité. S'il a précisé, à la fin de son discours, que cette lutte s'inscrivait pour l'Algérie dans le cadre de la concorde civile, il a aussi dénoncé “l'égoïsme” du monde industrialisé. Le chef de l'Etat a mis en exergue le lien étroit entre la criminalité, le terrorisme, les trafics d'armes et de drogue, les mouvements mafieux qui rongent les pays du tiers-monde, l'Afrique en particulier. Il a aussi parlé de corruption. Il a donc proposé une démarche globale et de portée universelle pour combattre, et le crime organisé et les réseaux terroristes. “Il faut, du fait de leur étroite imbrication, une démarche globale pour les combattre efficacement.” À cela, il a ajouté la “nécessité d'une convention internationale de lutte contre la corruption permettant de s'attaquer aussi bien au corrompu qu'au corrupteur.” Il a, encore une fois, appelé à une convention mondiale de lutte contre le terrorisme même si, au niveau interne, sa position vis-à-vis du phénomène (terroriste et intégriste) reste pour le moins vague. Mais, en évoquant la corruption, M. Bouteflika actionne un levier sensible d'une extrême importance, pour l'Algérie évidemment. Les économies africaines, ce n'est plus un secret, souffrent sans doute davantage de cette corruption sans limites que de la criminalité, sachant que, dans bien des cas, elle en résulte justement. Ce lien entre le trafic d'armes et de drogue, le blanchiment d'argent, la corruption ou la traite d'êtres humains (tout cela est dans le discours) est bon à relever. “La criminalité transnationale porte atteinte à l'intégrité et à la dignité des Africains, fragilise nos institutions et hypothèque notre développement”, a souligné le président de la République. Profitant de cette opportunité, il a demandé d'impulser une dynamique efficace de soutien au développement global du continent Noir. Revenant sur la vision algérienne de ce problème, il a réexprimé sa politique, inscrivant ce combat contre la criminalité organisée et le terrorisme dans le cadre d'un processus de “renouveau national, fondé sur la promotion de la concorde civile, l'accélération du processus démocratique et la relance du développement”. Abdelaziz Bouteflika a loué les efforts de l'Afrique concernant son émancipation. “Nous essayons de concrétiser, en quelques années seulement, des idéaux que vous avez mis des siècles à réaliser (démocratie, droits de l'homme, etc.)”, a-t-il déclaré à l'intention des pays développés. “Nous demandons, a-t-il observé, du partenariat et non de l'aide.” Il a relevé, par ailleurs, que l'Afrique fait face autant à la sécheresse qu'aux mafias locales et extérieures. “Nous voulons une application des conventions internationales ; en cela, nous ne quémandons rien, nous rappelons simplement votre injustice”, a conclu le chef de l'Etat. L. B. Les chiffres de la criminalité en Algérie • En marge de la Conférence régionale sur la criminalité organisée, des chiffres ont été donnés par les services de la police. Au premier semestre 2002, 17 414 crimes contre des personnes ont été enregistrés, 9 758 contre des biens et 124 contre l'économie nationale. En matière de stupéfiants, il a été saisi près de 1 800 kg de cannabis, 7 g d'héroïne et 8 g de cocaïne. Deux mille contrebandiers nationaux et 16 Maghrébins ont été interpellés dans ce cadre. Concernant le trafic des cigarettes de marque étrangère, près de 1 150 000 paquets ont été récupérés depuis l'année 2000. Cette quantité est d'une valeur estimée à 78 836 794 DA. Sur un autre registre, 84 727 bouteilles de boissons alcoolisées, d'une valeur de 262 724 620 DA, ont été saisies. Dans le domaine de l'escroquerie, les statistiques indiquent que les Ghanéens (59), les Maliens (54) et les Camerounais (37) détiennent le triste record des personnes étrangères impliquées. L. B.