Conscientes des terribles drames vécus par l'Algérie depuis plus de dix ans, les Nations unies lui apportent un soutien indéfectible dans ses efforts de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Hier et aujourd'hui, Alger a été la capitale mondiale de la lutte contre le crime dit transnationale. Une rencontre au plus haut niveau, en effet, regroupe au Palais des Nations des spécialistes de la lutte contre ces fléaux, ainsi que les représentants diplomatiques de plus d'une cinquantaine de pays, dont les USA et la CEE. Le Président de la République, présent à la séance d'ouverture, qui a eu lieu hier matin, a donné le «la» dans un discours-programme de ce que sera la position algérienne, et sans doute africaine, en matière de lutte contre ces fléaux. Tout en mettant en avant l'honneur que tire Alger de l'organisation de cette rencontre, grâce au soutien des Nations unies et à l'aide financière du gouvernement britannique, il rappellera d'entrée de jeu que le continent noir a toujours été à l'avant-garde dans ce domaine. Non seulement l'Algérie, et beaucoup d'Etats africains ont été les premiers à ratifier la convention de lutte contre la criminalité transnationale organisée, mais elle a beaucoup fait pour la promouvoir aux yeux des capitales étrangères, à travers une action diplomatique intensive qui a, il faut le dire, connu un essor nouveau depuis l'arrivée de Bouteflika à la tête de l'Etat algérien. Dans son discours, le Président n'a pas cessé, non plus, de rappeler, «l'imbrication qui existe entre le terrorisme et le crime organisé sous des formes diverses». La lutte contre l'un, forcément, ne va pas sans la lutte contre l'autre. La position de l'Algérie est très claire sur ce sujet. «Une démarche globale et concertée, placée sous l'égide des Nations unies est nécessaire pour en venir à bout». Dans ce cadre précis, certaines réticences en matière de lutte contre le terrorisme doivent être levées. Sans doute, en abordant ce sujet délicat, le Président fait-il allusion à l'asile dont continuent de jouir de nombreux terroristes algériens notoires au niveau de bon nombre de capitales étrangères. Le chef de l'Etat rappelle, fort à propos, que ces capitales ont imposé aux pays de l'hémisphère Sud leurs valeurs, la démocratie, les droits de l'homme et la liberté d'expression. Des progrès énormes ont été réalisés en ce sens en quelques années à peine, alors que des siècles avaient été nécessaires pour l'obtention des mêmes résultats au niveau du Vieux continent et de l'Amérique du Nord. Mais ces pays pauvres n'ont rien reçu en échange. Tant s'en faut. Le chef de l'Etat, au contraire, rappelle que «la mondialisation, mais aussi le passage d'une économie dirigée vers une économie de marché, ont favorisé l'émergence tant du terrorisme que du crime organisé qui vont toujours de pair». Aussi, dans son discours, Bouteflika requiert-il «une position commune, sans équivoque, en vue de faire face de manière directe à tout ce qui peut menacer notre société». Car, ce genre de criminalités nouvelles, précise le Président dans une crudité de langage sans pareil en vue de secouer les consciences, va jusqu'à attenter à la dignité humaine. Le combat, souligne encore le chef de l'Etat, est dur et compliqué. Des moyens technologiques et humains à la mesure du phénomène doivent en conséquence être déployés. Or, les pays africains, y compris l'Algérie, manquent cruellement de ce genre de moyens, mais aussi de l'argent nécessaire à leur acquisition. Même le Nepad, sur lequel l'Afrique fondait de grands espoirs, tarde à porter ses fruits. Exception faite de la Hollande et du Luxembourg, tiendra à souligner avec force le Président Bouteflika, les autres Etats concernés ont fait la sourde oreille, par rapport à leurs propres engagements. L'Afrique croule toujours sous les dettes. Ses dettes pourtant représentent à peine ce que l'Europe dépense annuellement pour le soutien à son agriculture. «Il n'est pas question, ici, précise le Président, de remettre en cause ce genre d'aides, mais seulement de prouver que si la volonté politique y était, les moyens à déployer sont loin d'être au-dessus des capacités du Vieux continent». C'est d'autant plus urgent, que la question revêt avant tout un caractère humaniste. Des millions de personnes, en effet, sont guettées par la mort en attendant que des aides chimériques viennent les secourir. Le Président Bouteflika, ambassadeur africain, peut-être même mondial, puisque personne ne connaît ces fléaux (notamment le terrorisme) mieux que l'Algérie, ne demande pas d'aides inconsidérées, pour ne pas dire la charité, mais seulement un minimum d'équité dans les relations entre les pays du Nord et du Sud où chacun trouverait son compte, ce qui est loin d'être le cas présentement. L'Algérie, qui a toujours été à l'avant-garde dans la lutte contre ces fléaux, qui admet que la mafia existe à l'intérieur et à l'extérieur du continent africain, n'en prouve pas moins toute sa résolution à en venir à bout dans le strict respect des droits de l'Homme et du droit international. Bouteflika a clos son discours en réaffirmant l'indéfectible volonté de l'Algérie à poursuivre sa lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé, non sans poursuivre sa politique de mise en place de la concorde civile dans le cadre d'une relance économique durable et profitable à tous.