Après l'hôpital d'Azazga, l'accueil habituel des adeptes de la célèbre sylve de Yakouren, 50 km à l'est de la wilaya de Tizi Ouzou, se fait dans une fraîcheur et une ambiance bon enfant. Une destination privilégiée des passionnés de la faune notamment après les lassants jours de labeur. Le tronçon reliant Yakouren à Azazga sur plus de 11 km constitue effectivement un havre de paix et un endroit de prédilection, de délassement et de détente indubitable. Pour Ami Moh, chauffeur de taxi assurant la desserte Yakouren-Azazga, “la forêt, constituant plus de 47% de la superficie totale de Yakouren, est un joyau aux valeurs touristiques inestimables. En tout cas, les colons n'avaient pas tort de la dénommer petite Suisse nord-africaine” souligne-t-il avant qu'il ne soit interrompu par un client, un jeune homme la trentaine bien entamée,déclarant avec une déception perceptible que “ la forêt est en plein agonie. Elle subit un massacre qui ne semble point attirer l'attention des pouvoirs publics, notamment les autorités locales qui, en adoptant la politique de l'autruche, ne cessent de bander nos yeux avec l'idée de classer la commune en tant que zone touristique sans pour autant n'afficher aucune volonté. Rien de cela ne semble être réel au vu de la calamité écologique qui se produit à l'orée de chaque hiver et dont souffre particulièrement notre subéraie.” Cependant la décharge publique implantée à une dizaine de mètres de la fontaine fraîche demeure la préoccupation majeure et risque d'avoir des incidences, on ne peut plus fâcheuses sur la santé publique. La fumée émanant de l'incinération des déchets rend l'air difficilement inhalable et suffocant. Les gaz toxiques qui s'en dégagent risquent de provoquer des états d'asphyxie et de détresse respiratoires n'abrégeant aucunement les souffrances des asthmatiques. Pour éviter la fumée qui envahit la route jusqu'au lieudit El-Insar, il faut donc rester en apnée pendant plus de 2 minutes, le temps de traverser ce tronçon. “Qu'attend-on pour intervenir et remédier à cette situation ? Fallait-il attendre l'apparition de graves maladies pour ce faire ?” se demande-t-on. Des questions auxquelles on ne trouve toujours pas de réponses. Les chênes situés à proximité de la décharge sont, a-t-on constaté avec amertume, rabougris. “ Les chêneaux perdent leur verte frondaison même en période printanière. La richesse floristique et ornithologique de naguère ne reste qu'en expression” se lamente un quadragénaire rencontré à la fontaine fraîche. Au niveau de l'APC, l'on nous fait savoir que les griefs des citoyens et le dernier mouvement des habitants jouxtant la décharge ainsi que l'appel de détresse lancé par les écologistes de la commune a fait réagir les autorités. En effet, une assiette a été dégagée par le wali pour mettre fin à ce casse-tête qui perdure depuis 2003. Toutefois et en attendant la réalisation de ce projet, les travaux d'aménagement d'un autre site au cœur de la forêt ont été entamés pour déplacer l'actuelle décharge. Une solution provisoire qui, selon notre source, ne durerait que 6 mois selon l‘instruction donnée par le chef de daïra d'Azazga. Les habitants de Yakouren n'écartent nullement la possibilité de revivre le même calvaire en croyant à la tradition coutumière du provisoire qui dure et ne trouvent de ce 25 octobre, Journée nationale de l'arbre qu'une occasion pour déplorer vivement le saccage que subit l'environnement.