Eastwood s'attaque aux conventions du film d'espionnage. Le résultat ne manque pas d'humour ni de roublardise. Très distrayant. Professeur d'art à l'université et grand amateur de peinture, Jonathan Hemlock possède une collection de tableaux d'une valeur inestimable. Il en a acquis les moyens en remplissant certains contrats très spéciaux pour le compte des services secrets, dont le chef, Dragon, lui demande d'exécuter une nouvelle mission, rien moins que de supprimer un mystérieux suspect dont on ne sait rien, sinon qu'il est et doit participer à une expédition dans le massif de l'Eiger. Un rien lassé, Hemlock commence par refuser, mais Dragon menace d'attirer l'attention du fisc sur l'ampleur réelle et largement dissimulée de sa fortune. Devant la pertinence de l'argument, l'esthète s'incline et fourbit ses armes. Il commence par reprendre l'entraînement chez son ami Ben, alpiniste chevronné qui doit diriger le camp de base de l'expédition. Quatrième réalisation pour Clint Eastwood, qui se lance dans l'adaptation du roman homonyme de Trevanian et nous restitue un film d'espionnage montagnard ! La sanction se démarque pourtant des films excentriques de James Bond ou ceux plus flegmatiques de Harry Palmer. Avec son habituelle manie anticonformiste, le réalisateur brise les codes du genre. Mais si Clifhanger et Vertical Limit vous ont impressionné, c'est le moment de visionner La sanction de Clint Eastwood : Un sommet (c'est le cas de le dire !!) dans les films d'escalade. Ce qui le rend si spectaculaire ce sont les décors naturels. Entièrement tourné au Yosemite et Monument Valley et enfin en Suisse. Une implication totale notamment au niveau sportif, en effet un entraînement intensif a permis à Eastwood de participer à toutes les scènes d'escalade sans doublure. Cela n'est plus possible aujourd'hui à cause des assurances. Un cascadeur est mort pendant le tournage tué par une chute de pierres. Eastwood nous offre un film d'action plus qu'honorable grâce aussi à une bonne distribution. Il engage d'abord une pointure du cinéma ; George Kennedy très connu dans les années 50, nominé aux Oscars pour Luke la main froide. Pour le rôle féminin, il choisit l'actrice noire Vonetta McGee qui a débuté sa carrière dans un Western de Sergio Corbucci Le grand silence, elle fera ensuite partie de la black exploitation avec des films comme Thomasine and Bushrod (la version black de Bonnie end Clyde). Eastwood acteur, metteur en scène et producteur avec sa compagnie Malpaso garde le contrôle total du film. Résultat : un film nerveux, rapide, efficace.