Les questionnements autour de la nouvelle approche de la politique économique du pouvoir, dont les premiers éléments apparaissent à travers la loi de finances complémentaire au titre de l'année 2009, semblent rendus nécessaires par l'accélération du processus de mondialisation et de globalisation des rapports de production et d'échange au niveau planétaire. Les effets induits par ce mouvement sur les espaces économiques nationaux obligent les pouvoirs politiques à réagir. Par ailleurs, ces questionnements surgissent dans un contexte de crise et de bouleversement structurel du capital financier international dont les retombées sur les activités productives ne sont pas encore toutes épuisées. Monsieur Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, vient de donner les contours de la nouvelle politique de l'Exécutif qui consiste à articuler l'édifice économique national autour du secteur public en mixage avec le développement des activités productives privées pour tirer la croissance vers le haut. Nous sommes donc bien loin de la “quincaillerie” dont il fut question il n'y a pas si longtemps de cela. Il faut dire que plusieurs facteurs objectifs, internes et externes, ont pesé sur la réorientation de la politique économique qui semble se dessiner. D'abord les investissements directs étrangers (IDE) n'ont pas été à la hauteur des espérances des autorités algériennes, ensuite, l'accord d'association avec l'Union européenne ainsi que les négociations en cours avec l'OMC posent avec force, des interrogations nouvelles relatives aussi bien aux mécanismes de protection de l'économie nationale, qu'à la place, au rôle et au poids du partenaire social dans les grandes décisions gouvernementales. Par-delà ces problématiques, se pose la question centrale de la démocratie en termes de mécanismes adéquats de concertation, de dialogue social et de partage équitable des richesses dans un système libéral. Une telle question renvoie nécessairement au rôle et aux missions de l'état dans ses fonctions de régulation, d'encadrement et d'accompagnement de la transition vers l'économie de marché. Les pouvoirs publics ne pourront plus faire l'impasse sur la nature sociale du travail, au risque d'accentuer le libéralisme débridé et sauvage privilégiant la seule sphère commerciale (spéculative) au détriment des investissements productifs créateurs de richesses tel qu'il s'est développé dans notre pays. Ces préoccupations sont confortées par les dérives du capital financier international. Une telle démarche offre la possibilité de réunir les conditions objectives de cohésion sociale. En revanche, toute décision unilatérale du pouvoir mettrait en danger la nécessaire préservation des grands équilibres sociopolitiques du pays. Dans ce contexte, la question salariale est au cœur des revendications sociales. Les organisations patronales, en examinant le projet de loi de finances pour l'année 2010 estiment qu'il appartient à la tripartite de décider de l'enveloppe à consacrer à l'augmentation du SNMG. Selon le président de l'une de ces organisations, “les entreprises privées du secteur formel se sont toujours conformées à la loi mais elles demandent en contrepartie que les contraintes auxquelles elles sont confrontées soient prises en compte par les pouvoirs publics. Il faut éviter que les augmentations de salaires décidées de manière isolée, sans prise en compte des problèmes des entreprises, alourdissent leurs charges et soient donc contre-balancées par des augmentations des prix”. Dans leur stratégie, les pouvoirs publics sont tenus de prendre en compte la donne politique et sociale en consolidant et en élargissant le dialogue social. Pour ce qui est du schéma industriel futur, les erreurs du passé doivent être contournées en évitant de mettre en avant des considérations idéologiques (plus d'Etat, moins d'Etat, opposition public-privé…). Selon le président du Forum des chefs d'entreprise, “les vieux démons d'une économie administrée sont restés chez nous à la surface. Ils sont encore vivaces et gardent toute leur actualité ou leur pertinence pour les adeptes du tout-Etat”. En vérité, les pouvoirs publics semblent se diriger vers la création de pôles de croissance axés sur la sélection d'entreprises locomotives appelées SED (Société d'économie et de développement) à l'instar du Japon et de la Corée. Le secteur privé aura-t-il toute sa place ? Le débat ne fait que commencer.