L'industrie de l'aluminium est une activité assez complexe, qui se trouve à la croisée des chemins en raison de la crise économique mondiale qui influe sur la demande. Cette filière fait face au coût de l'énergie qui pèse sur les coûts de production, les règles de plus en plus strictes en matière d'environnement ainsi que des progrès techniques induisant des procédés industriels favorables à l'aluminium dans quelques cas et défavorables dans d'autres. À tout cela, s'ajoute actuellement un autre malheur pour les pays à l'industrie naissante, celui du dumping et d'une féroce concurrence. Dans cette filière, l'Algérie a des avantages certains, celui du bas prix de l'énergie qui, en moyenne, prend à elle seule 25% du coût de production. La loi de finances complémentaire 2009 interdisant l'exportation de déchets non ferreux a permis aux industriels algériens disposant de moyens de valorisation des déchets industriels, notamment d'aluminium, d'avoir accès à des gisements auparavant inaccessibles réduisant du coup leur facture d'importation des matières premières. Depuis l'interdiction d'exportation des déchets d'aluminium, certains exportateurs se réorganisent pour contourner cette interdiction, en migrant de position douanière. La parade a été préparée par certains exportateurs de déchets d'aluminium, notamment turcs, qui ont implanté des fours de fusion pour conditionner ces déchets en lingots d'aluminium, échappant donc à l'interdiction. La position tarifaire est différente, mais l'objectif est le même, à savoir la sous-facturation, permettant ainsi le non-rapatriement de devises, fruit de la transaction. Selon certains producteurs, la riposte serait d'imposer un droit de préemption pour l'acquisition de ces déchets sous forme de lingots, au même prix que celui déclaré à l'export, des cadres de la filière rappelant, par ailleurs, que depuis 2006, la production de lingot d'aluminium est une activité classée et nécessitant l'autorisation du ministère de l'environnement ainsi que l'octroi d'un certificat de conformité préalablement au début d'activité, aucun de ces exportateurs ne disposant de cette conformité. Les principaux chiffres de l'aluminium en Algérie Le montant annuel des importations algériennes de l'aluminium, toutes positions confondues, était de 130 millions dollars sur l'année 2005, 170 millions de dollars Us sur l'année 2006, 210 millions en 2007, et 280 millions en 2008, soit une progression de plus de près de 116% entre 2005 et 2008. Une lecture plus fine des statistiques des positions du même chapitre fait ressortir que les positions relatives aux produits issus de l'extrusion représentent près de 25%, soit plus de 70 millions de dollars en 2008, représentant un poids de près de 13 000 tonnes. En effet, il existe une branche de production nationale de profilé aluminium d'une capacité totale installée de près de 20 000 à 25 000 tonnes/an avec 500 emplois directs et plus de 10 000 emplois indirects. Cette branche de production nationale se limite actuellement à trois usines qui sont Algal Plus Msila (extrusion, thermolaquage, anodisation, affinage), Alexo Béjaïa (extrusion, thermolaquage), Alexo Setif (extrusion, thermolaquage). Cependant, vu la perméabilité du marché algérien, beaucoup de projets d'investissement sur des unités d'extrusion par des investisseurs tunisiens, espagnols, et turcs ont été annulés, et ces extrudeurs astucieux et prudents préfèrent exporter à partir de leurs usines dans leur pays d'origine que de subir les contraintes de l'industrie en Algérie, anéantissant ainsi toute chance de, voir éclore en Algérie une industrie forte de l'aluminium. De plus, des projets algériens sont apparus depuis 2008, celui de Sonatrach et celui de Cevital, qui attendent le feu vert nécessaire. La filière étant à haute intensité de capital à investir, devant la situation actuelle, très mouvante au plan mondial et peu encourageante au plan algérien local, il est bien à craindre que ces projets resteront longtemps dans les tiroirs, surtout que les deux projets visent l'exportation. Plus de 60% des profilés d'aluminium consommés par le marché algérien sont importés de Chine, par une poignée d'importateurs, pour un montant déclaré de près de 20 millions de dollars, à des prix défiant toute concurrence, impliquant une progression continuelle et fulgurante en parts de marché algérien, des extrusions d'origine de Chine et causant ainsi un dommage irréversible à la branche de production nationale de profilé aluminium. Cette branche naissante risque de disparaître si aucune action n'est prise par les pouvoirs publics en vue de sa protection contre “le dumping et subventionnement” pratiqué sur les profilés aluminium extrudé en provenance de Chine, insiste-t-on. Grand trafic à l'importation Par ailleurs, auprès de producteurs privés, on se plaint de ce qui est désigné sous l'expression “glissement tarifaire”. Ce glissement tarifaire permet à des importateurs d'introduire près de 3 000 tonnes par an de produit fini d'aluminium tel que menuiserie en kit prêt à assembler et à monter au même taux que la matière première, soit 5% au lieu de 15 ou 30%, induisant ainsi une concurrence déloyale envers l'industrie locale, soit un encouragement à importer le produit fini aux dépens des trois usines locales et des 2 500 ateliers de menuiserie, et une perte sèche sur les recettes en termes de droits et taxes. Au plan de la récupération et de la valorisation des déchets d'aluminium, la société Algal Plus, en tant qu'unique affineur d'aluminium, espère ainsi développer une collaboration avec Sonelgaz, dans la gestion du rebut de câbles d'aluminium propre à travers toutes ses filiales, notamment Sonelgaz-Grte dans le cadre de leurs travaux de rénovation. Il en est de même pour toutes les industries algériennes génératrices de déchets propres d'aluminium et qui veulent mettre en place une gestion rationnelle de leurs rebuts. Enfin, actuellement une grande partie de profilé aluminium est importée par des sociétés nationales à partir d'Europe, pour des projets structurants tels que les autoroutes, les stations-services, la signalétique urbaine, voire même la menuiserie aluminium, par méconnaissance alors qu'il est tout à fait possible de le produire localement, grâce au transfert technologique que le client (entreprise nationale) peut imposer pour une intégration même partielle du système qui a suscité son intérêt au lieu de l'importer en produit fini.