C'est fait. Le président tunisien Zine El-Abiddine Ben Ali a été, sans surprise aucune, triomphalement réélu avec 89,62% pour un 5e mandat à la tête de son pays, soit à la majorité écrasante, ne laissant que des miettes à ses adversaires qui, faut-il le préciser, ne se sont fait guère d'illusions. Le taux de participation à l'élection présidentielle tenue dimanche a été de 89,45%. Sur un nombre de 5 296 008 inscrits sur le fichier électoral, pas moins de 4 737 367 Tunisiens se sont rendus aux urnes pour exprimer leur choix. Le président Ben Ali a récolté pas moins de 4 238 711 voix sur les 5 296 008 d'inscrits. Quant à ses adversaires, le meilleur score est à mettre à l'actif de M. Mohamed Bouchiha, secrétaire général du parti de l'Unité populaire (PUP), qui a recueilli quelque 236 955 voix, soit 5,01% des suffrages exprimés. Il est talonné par Ahmed Inoubli de l'Union démocratique unioniste (UNU) qui a eu les faveurs de 179 726 voix, soit 3,80%. En queue de peloton, on trouve le tonitruant Ahmed Ibrahim, chef de file du parti communiste Ettajdid, qui n'a recueilli que 74 257 voix, soit 1,57%. Le président Ben Ali a reçu hier les félicitations de plusieurs de ses homologues (Nicolas Sarkozy, Hosni Moubarak, etc). Pour ce qui est des élections législatives marquées par un taux de participation de 89,4%, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président Ben Ali, les a aussi emportées haut la main en arrachant la totalité des 161 sièges mis en jeu. Quant aux 53 sièges réservés à l'opposition, c'est le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) qui s'en est adjugé le plus grand nombre, soit 16 sièges. Il est talonné par le parti de l'Union populaire (PUP) qui a arraché 12 sièges. Quant à Ettajdid d'Ahmed Ibrahim, il n'a remporté que deux sièges. Deux partis politiques (le PDP et le FDTL) et les indépendants n'ont eu aucun siège. Trois remarques s'imposent. Primo, Ben Ali n'a pas dépassé, et c'est la première fois depuis 1987, le seuil des 90%. Ainsi, les pronostics des uns et des autres créditant le président tunisien d'un score dépassant allègrement cette barre sont pris à défaut. Secundo, Ahmed Ibrahim, donné par beaucoup comme un sérieux concurrent, a subi un revers en se classant bon dernier. Tertio, le président Ben Ali a réalisé le plus grand score à l'étranger avec un taux de 94,85%. D'aucuns ne manqueront d'interpréter ce score comme un véritable pied de nez à certaines ONG qui, de concert avec certains opposants, ont mené le long de la campagne électorale un féroce engagement médiatique contre le régime tunisien au point de faire sortir de ses gonds le président Zine El-Abiddine Ben Ali qui, dans une allocution prononcée samedi, a répondu du tac au tac à ses détracteurs. Le ministre de l'Intérieur Rafik Haj Kacim a, lors d'une conférence de presse animée hier au siège son département, lui aussi rendu la pareille aux pourfendeurs du régime de Ben Ali en présentant le taux de participation aux élections présidentielle et législatives ainsi que la victoire écrasante du locataire du palais de Carthage comme une réponse cinglante du peuple tunisien qui, dit-il est “attaché à son président et à ses choix”. Et d'ajouter : “Le caravane tunisienne, sous la conduite du président Ben Ali, est en marche vers la réalisation des buts tracés dans son programme pour les cinq ans à venir.” Pour lui, tout s'est déroulé dans le calme et la sérénité les plus absolus. Avant lui, quelques observateurs internationaux dont l'Algérienne Saïda Benhabylès ont fait le même constat. “C'était remarquable par le manque de remarquabilité”, affirme, un brin plaisantin, l'Anglais Simon Assor, président de la délégation des 12 observateurs étrangers. “L'organisation du scrutin a été parfaite. Les opérations de vote se sont déroulées conformément aux normes internationales”, témoigne, pour sa part, l'Algérienne Benhabylès. A. C.