La ville de Charef, située à 50 km à l'ouest de Djelfa, est, depuis hier matin, quasiment isolée des autres régions. Des centaines de citoyens ont occupé les rues et barré les principaux accès de la ville avec des barricades et des pneus brûlés. Les manifestants ont réclamé le départ des autorités locales sans, toutefois, recourir à des actes de violence. Et pour cause, “l'oubli” et le “mépris” dont a fait l'objet, une nouvelle fois, leur localité, la conférence de presse, animée par le ministre de l'Intérieur, diffusée mardi, lors du JT de 20h, auront été les principales raisons de cette colère. Zerhouni avait annoncé que deux nouvelles villes bénéficieront du gaz de ville. À leur grand dam, les citoyens de Charef apprendront que leur localité ne sera pas concernée par ce projet. Par ailleurs, la ville de Charef, qui est la “capitale” de l'une des plus importantes tribus de la wilaya de Djelfa, à savoir les Abaziz, est connue pour être une commune très pauvre, où vivent près de 22 000 habitants. Célèbre pour ses eaux thermales, Charef connaît un grand déficit en infrastructures permattant d'assurer un accueil acceptable aux touristes. À noter que le Président devait rendre visite à cette région, mais il a dû y surseoir suite, dit-on, au changement de programme, lui-même provoqué par les intempéries qui ont contraint les organisateurs à reporter le voyage d'une journée. Cependant, les habitants de Charef ne regrettent pas l'annulation de la visite de Bouteflika, mais s'indignent de leur sort… Leur ville manque presque de tout, même l'électricité connaît de fortes baisses de tension en hiver. Ainsi, au froid glacial, s'ajoutent des nuits dans l'obscurité. À ces conditions de vie difficile, s'ajoute l'oisiveté des jeunes de Charef qui n'ont que les trottoirs pour se distraire. Face à cette situation, le maire semble être dans l'incapacité de réagir. Contacté hier, il était incapable d'avancer le budget dont bénéficie sa commune. Selon certaines sources, les listes des bénéficiaires de logements sociaux qui seront affichées bientôt ajouteront de l'huile sur le feu. Hier, en début de soirée, les rues de Charef étaient toujours occupées par les jeunes citoyens révoltés. La protestation ne fait que commencer, au lendemain de la visite de Bouteflika. L. G.