Les émeutes ont débuté tôt dans la matinée d'hier. Les habitants affirment n'avoir trouvé que “ce moyen pour dénoncer l'incurie” des autorités locales. Il était 13h quand nous sommes arrivés à Sidi-Laâdjal, un chef-lieu de daïra située à 135 km au nord-ouest de Djelfa. Barricades, pneus incendiés et fumée çà et là étaient visibles à des kilomètres de cette petite ville de 15 000 habitants. “Nous avons soif !!!”, “De l'eau ! De l'eau !”, c'est avec ces slogans que nous avons été accueillis par des dizaines de personnes tenant des jerricans et des bouteilles vides dans les mains… Les habitants de Sidi-Laâdjal ont soif, ils ne manquent pas seulement d'eau, mais aussi de justice… Les émeutes ont débuté à 8h, les manifestants de cette commune déshéritée n'ont trouvé que ce moyen pour se faire entendre. “Les dinosaures”, comme il leur plaît d'appeler certains responsables, “font la loi ici.” Ils s'agit du chef de daïra, du maire, du subdivisionnaire de l'agriculture, pour ne citer que ceux-là. “Nous vivons sans eau, ni électricité depuis des jours !”, s'écrie un jeune manifestant ajoutant : “Le chef de daïra et le maire viennent de rentrer des vacances et nous, nous souffrons… (...) “Ils ne nous ont fait que de fausses promesses !”. Le chef de daïra a préféré quitter les lieux dès le premier rassemblement des citoyens, tôt le matin. Le maire, quant à lui, a été contraint de rester à l'intérieur du siège de l'APC tentant vainement d'entrer en pourparlers avec ses concitoyens. Le siège de l'APC comme celui de la daïra ont été carrément fermés avec des pneus brûlés. Les révoltés de Sidi-Laâdjal sont unanimes : le chef de daïra et le maire sont les seuls responsables de la dégradation de leur ville, et ce, bien que le P/APC ait voulu se justifier en déclarant qu'il était sous l'autorité du chef de daïra. “Nous avons rencontré le chef de daïra plusieurs fois, mais ces rencontres n'ont abouti à rien”, nous dira Mohamed, enseignant. “Le wali a été destinataire d'une lettre de trois pages en date du 29 juin dernier. Plus de cent personnes signataires ont dressé un constat déplorable dans la gestion des affaires de cette commune ; et pour une énième fois, le cabinet a fait la sourde oreille. Aucune suite n'a été donnée aux représentants des citoyens. Les élus ne s'occupent que de leurs affaires !”, nous dira Hamida, 27 ans qui n'a pas pu bénéficier d'un prêt bancaire dans le cadre du soutien à l'emploi des jeunes. “Les administrations ne recrutent que des personnes étrangères à Sidi-Laâdjal”, fait remarquer un autre, avant de répliquer, “la direction de l'éducation, à titre d'exemple, considère notre ville comme un point de transit, nous n'avons jamais eu une personne stable dans nos écoles…”. “Les jeunes diplômés de notre ville sont marginalisés”, nous dira Abdelkader, 29 ans. Le secteur de la santé est tout aussi en détérioration. “Nous n'avons qu'un seul médecin, l'unique ambulance, qui existe au centre de santé, n'est disponible qu'aux personnes privilégiées”, nous dira Mostefa qui nous a invités ainsi que plusieurs autres citoyens à partager un petit café, dans sa demeure de fortune, au moment où des dizaines d'autres discutaient dehors, sous un soleil de plomb… Le quartier a pour nom Ettadhamoun (solidarité) et ce n'est pas ça qui manquait. Les jeunes sont ici déterminés : “Nous allons bloquer toutes les routes !…”. En fait, les RN 40A et RN 40B sont presque bloquées depuis la matinée ; la circulation des véhicules y a visiblement diminué. Les habitants de Sidi-Laâdjal ont décidé de saisir par écrit le wali. Ils réclament le départ immédiat du chef de daïra ainsi que celui du subdivisionnaire de l'agriculture comme ils réclament aussi la constitution d'une commission d'enquête sur la gestion de tous les secteurs de leur daïra. Au moment où nous mettons sous presse, la ville de Sidi-Laâdjal est restée isolée des autres régions de la wilaya de Djelfa. Les autorités locales, quant à elles, observent un silence radio. L. G. Des dizaines de citoyens se rassemblent devant le siège de la wilaya Des dizaines de citoyens de Dar Chioukh, commune située à 40 km du chef-lieu de la wilaya de Djelfa, se sont rassemblés hier matin devant le siège de la wilaya, réclamant une entrevue avec le wali. Les citoyens sont venus dénoncer le laisser-aller et la mauvaise gestion dans leur commune. Manifestation à Deldoul La localité de Deldoul, située à 90 km au sud-est de Djelfa, a connu, elle aussi, une nouvelle vague de protestation, hier. Une centaines de personnes a procédé au blocage des différents accès de la commune ainsi qu'à la fermeture du siège de l'APC. Cette contestation est liée, selon des sources crédibles, à l'emploi. En fait, une rumeur circule depuis quelques jours dans cette localité faisant état du recrutement de personnes originaires d'autres wilayas pour la surveillance du pipe-line qui traverse le territoire de la commune. L. G.