Encore un rebondissement dans ce qui est en train de devenir l'affaire polytech d'Alger. Voilà que le nom même de l'école, ainsi que son statut, est transformé. Une nouvelle donne qui vient d'être publiée dans le journal officiel. Laconiquement, on peut lire ceci : “L'appellation Ecole nationale supérieure polytechnique, citée au décret exécutif n°08-215 du 14 juillet 2009, susvisé, est remplacée par l'appellation : Ecole nationale polytechnique.” Ainsi l'école reprend son ancienne “appellation” qu'elle avait perdue il y a de cela un peu plus d'une année. Une décision qui, encore une fois, se fait presque en catimini puisque ni les enseignants ni les employés de l'administration, encore moins les étudiants n'ont eu connaissance de ce changement d'appellation. En juin dernier, dans les colonnes de Liberté, il a été bien indiqué que l'école polytechnique d'Alger n'existait pas. En plus de la fermeture programmée du département des sciences fondamentales (qui est en cours), il y avait aussi les éventuels changements que tout le monde avait senti venir malgré les démentis de la direction et du ministère. Des éventualités qui se sont finalement concrétisées au grand dam des polytechniciens. Des étudiants qui bloquent l'école, des enseignants et des employés de l'administration qui feront la grève cette semaine, voilà où se retrouve l'Ecole polytechnique d'Alger. Une situation chaotique qui aurait pu être évitée si seulement les responsables, que ce soit au niveau de la désormais ex-ENSP (Ecole nationale supérieure polytechnique) ou encore au ministère de l'enseignement supérieur et de la Recherche scientifique avaient, un tant soit peu, respecté, oui respecté, la famille universitaire de l'établissement. Ce qui se passe à El-Harrach depuis le 27 octobre dernier est survenu essentiellement à cause de l'installation autoritaire de l'école préparatoire au sein même de Polytech. Une décision prise à la hussarde sans aucune concertation. D'un statut de grande école reconnue par tous depuis l'indépendance du pays, Polytech est en train de devenir un quelconque établissement. C'est en tout cas ce que veulent en faire les responsables actuels et ceux du ministère même s'ils ne veulent pas l'admettre. Les faits sont là pour le prouver. L'installation de cette école préparatoire en est la meilleure illustration. Voilà que cette nouvelle structure se trouve “SDF” à cause de l'indisponibilité des infrastructures au niveau du lycée Emir-Abdelkader d'Alger et qui est le “bouche-trou” !. La direction de l'école a accepté, alors que celle de l'USTHB avait refusé catégoriquement de recevoir cette structure. “Bab-Ezzouar a montré que ces responsables pensent à leur université, mais chez nous tout est fait pour nous montrer le contraire”, nous dira une enseignante de l'ENSP rencontrée sur place. Cette dernière nous donnera plus de détails : “cette année, c'est vraiment l'année hécatombe. Ils ont refusé d'accepter de nouveaux bacheliers au sein de l'école et voilà qu'on nous ramène une autre structure dedans avec à la clé des enseignants venus d'autres horizons pour encadrer les étudiants de l'école préparatoire.” Près de 250 étudiants se sont du coup retrouvés otages des dysfonctionnements de Polytech ; eux à qui l'on a promis l'eden, sont soudainement pointés du doigt. “Nous ne sommes pas contre ces étudiants”, nous dira le professeur Nabil Mameri, représentant du syndicat du Cnes. “juste qu'on n'accepte pas cette tendance de faire diviser l'école en deux avec presque des sous-étudiants, alors que d'autres se retrouvent avec tous les avantages”, ajoutera-t-il. À tout ce remue-ménage, il faut ajouter le cas de plusieurs étudiants qui dénoncent la hogra qu'ils auraient subie lors des délibérations. Hasard ou non, la recrudescence de ces mouvements de protestation a débuté juste deux jours après l'enterrement du père de l'école polytechnique, en l'occurrence le professeur Abdelaziz Ouabdesselam. Enterré mardi dernier à Baba Hassan (Alger) presque dans l'anonymat total, le premier directeur de l'école polytechnique n'a pas eu les hommages qu'il aurait dû recevoir. Un “oublié” impardonnable de la part de tous les polytechniciens, qu'ils soient encore à l'école ou en dehors. Mis à part un ou deux hommages publiés dans les colonnes de la presse, rien d'autre n'est venu honorer, ou du moins rappeler, la stature du grand homme qu'a été le professeur Ouabdesselam. Polytech semble ainsi très mal se “conjuguer” au présent ou au futur, et le risque est plus que grand qu'elle ne soit citée bientôt qu'au… passé.