Les grands auteurs grecs ont essayé d'expliquer les mystères du rêve. Platon admet que le rêve soit un moyen de connaissance, mais, selon lui, il ne donne accès à la vérité suprême que s'il est inspiré par la partie la plus active de la psyché : le logistikon. Pour Aristote, les rêves sont produits par les impulsions qui subsistent chez l'homme après l'endormissement des sens. Les rêves sont prémonitoires au double sens médical et philosophique : d'une part, ils révèlent les troubles qui affectent l'organisme, d'autre ils annoncent, si on connaît les motivations profondes du rêveur, ses actes futurs. L'interprète le plus habile est celui qui discerne, du premier coup, les ressemblances entres les rêves et la réalité. Dans le traité sur la prophétie, il compare les images du rêve à des reflets sur une nappe d'eau ; plus le rêve est agité, plus la nappe est troublée et plus il devient difficile de retrouver sur l'eau le reflet de l'image. Les philosophes stoïciens n'étaient pas de cet avis. Ils pensaient que les rêves venaient des dieux et ils croyaient au rêve prophétique. Selon eux, ce dernier s'explique soit par l'existence de corrélations entre le cosmos et l' âme humaine, soit par la nature divine de celle-ci. Ciceron rapporte dans son livre sur la divination que Poseidonis croyait que les âmes qui circulent dans l'air pénètrent par les sens du dormeur et lui communiquent des événements futurs. Démocrite partageait cette croyance, mais chez lui les âmes sont des atomes qui vont d'un individu à un autre, transmettant des impressions et des messages divers. Avec Hippocrate (ou les pseudo-Hippocrate), puisque les textes sur lesquels on s'appuie lui sont attribués à tort), le rêve permet non seulement de prédire l'avenir mais aussi d'établir des diagnostics médicaux. (À suivre)