Comme en Mésopotamie et en Egypte, le rêve a tenu une place importante dans la Grèce antique. Dans la conception des anciens Grecs, le monde des rêves occupait une place intermédiaire entre le monde des vivants et celui des morts. Il est délimité par l'Okéanos, frontière du monde réel et la Prairie des Asphodèles, demeure des morts. Le chant 24 de l'Odyssée évoque Hermès, conduisant, d'un monde à l'autre, les âmes des guerriers morts. Les grands penseurs ont tenté d'expliquer les mystères du rêve. Platon croyait que le rêve est un moyen de connaissance, mais qui ne donne pas accès à la vérité suprême que s'il est inspiré par la partie la plus active de la psyché, le logistikon. Pour Aristote, les rêves sont produits par les impulsions qui subsistent chez l'homme dans l'endormissement des sens. Mais les rêves peuvent être prémonitoires au double sens médical et philosophique : d'une part, ils révèlent les troubles qui affectent l'organisme, d'autre part, ils annoncent, si on connaît les motivations profondes du rêveur, ses actes futurs. Dans le traité sur la prophétie, il compare les images du rêve à des reflets sur une nappe d'eau : plus le rêve est agité, plus la nappe est troublée, et plus il devient difficile de retrouver sur l'eau le reflet de l'image. Le rôle de l'interprète est de deviner les ressemblances qui existent entre les rêves et la réalité.