Sondages en baisse, mécontentement et chômage en hausse, explosion de la dette et des déficits publics, horizons bouchés pour les jeunes Français, désenchantement chez ses électeurs, réformes en panne, polémiques à répétition et, cerise sur le gâteau, pagaille dans la majorité et même au gouvernement. Instrumentalisation de la justice contre la chiraquie… l'étoile du président français qui franchit le cap du mi-mandat ne brille plus. L'heure est même pour lui à l'inquiétude. Selon les derniers sondages, deux Français sur trois estiment que Nicolas Sarkozy n'incarne pas la fonction présidentielle de façon satisfaisante ! Ces derniers mois, une polémique chasse l'autre à son propos et chacune laisse des traces dans l'opinion publique et l'électorat. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase aura été la candidature avortée de son cadet, Jean, étudiant en droit de 23 ans, à la présidence du plus grand centre d'affaires d'Europe, l'Etablissement public d'aménagement de La Défense (Epad). Le coup de pouce du père à son fils, digne de républiques monarchiques caractéristiques de pays de non-droit, a d'autant plus fait mal chez les Français que Sarkozy s'était engagé à instaurer l'éthique dans le politique. Et la cascade de procès contre de Villepin, Pasqua et son prédécesseur Jacques Chirac a rajouté une couche aux désappointements de ses propres électeurs qui y ont vu une volonté de règlement de comptes que des actions de salubrité, comme s'était défendu le locataire de l'Elysée. La cacophonie a fini par gagner son gouvernement, la secrétaire d'Etat aux Sports, la pétillante Rama Yade d'origine sénégalaise, se désolidarise publiquement d'une décision de sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot. Sénateurs et députés de l'UMP critiquent la suppression de la taxe professionnelle voulue par leur président, partageant la mise en garde de son conseiller spécial Henri Guaino sur l'emprunt massif de l'Etat. Le bouclier fiscal, mesure phare du début du quinquennat, commence à être contesté au sein de la majorité. L'émoi s'installe au sein de son propre parti, au point que Sarkozy a confessé son erreur d'avoir pris ses aises avec la morale politique ! Inédit de sa part, lui aux idées et actions tranchées. Dans la difficulté, Sarkozy essaye de retrouver les thèmes qui ont fait une partie du succès de sa campagne : sécurité, immigration, identité nationale. Une trilogie qui ne chauffe plus ses partisans dont les pans gaullistes, chiraquiens et villepenistes dénoncent aujourd'hui — même si ce n'est que du bout des lèvres — la dérive lepéniste de Sarkozy. Même les dossiers internationaux, pour lesquels le président français s'est pris de passion, ne lui permettent plus de retrouver l'aura conquise pendant la présidence française de l'Union européenne, au second semestre 2008. La presse français qui a relevé sa tête et n'accepte plus d'être reconduite par Sarkozy a relevé que ce dernier voyage moins et présente des signes de "bunkérisation". Lui qui n'hésitait pas, au début de son mandat, à aller au devant de foules ne se déplace plus sans un imposant déploiement de forces de sécurité qui tiennent toute velléité de manifestation à distance. Un peu comme chez les autocrates du tiers-monde. L'establishment qui l'a boosté est inquiet et ne se fait guère d'illusion sur les élections régionales de mars 2010. À deux ans et demi de la présidentielle de 2012, les sondages ne sont plus en sa faveur. À mi-mandat, le président français est confronté à sa plus faible cote de popularité et apparaît désormais comme un candidat battable à la prochaine présidentielle. Selon un dernier sondage, il serait perdant au second tour face au directeur général du FMI, le socialiste Dominique Strauss-Kahn, à 49% contre 51%. Un autre sondage publié auparavant montre que la cote d'approbation de son action présidentielle est en chute de 6 points à 39% en novembre par rapport au mois précédent. Son plus mauvais résultat depuis son élection en mai 2007. Et 63% des personnes interrogées se disent mécontentes de son action. En outre, à droite, sa place risque de lui être ravie. De Villepin, son ancien Premier ministre qu'il a tenu à traduire en justice dans l'affaire Clearstream, croit son heure arrivée. Très significatif, le box des accusés a fait grimper sa cote de popularité. S'il venait au président Sarkozy à consacrer la seconde moitié de son quinquennat aux retraites, à la sécurité sociale et à la justice avec la suppression du juge d'instruction, c'est-à-dire aux chantiers pour lesquels les faiseurs de président l'avaient mis en orbite, la droite républicaine lui promet, d'ores et déjà, la fronde, car elle aussi tient à cette "exception française" qui a permis à la France de contenir tout de même la crise économique. À ses interlocuteurs, Sarkozy jure qu'il n'a encore pris aucune décision sur sa candidature en 2012.