À quelques jours de l'Aïd El-Adha, la propagation de la blue tongue à Mostaganem, confirmée par les services vétérinaires de la wilaya, et relayée par la rumeur qui s'amplifie dans le milieu des éleveurs, laisse profiler une perturbation inéluctable du marché du bétail, notamment celui des ovins. Selon des sources officieuses, une vingtaine de cas serait dénombrée. Officiellement, pour l'heure, les services vétérinaires font état de 8 cas d'ovins atteints, répartis à travers les 4 communes que compte la daïra d'Aïn Tedlès, frontalière de la wilaya de Relizane d'où s'est vraisemblablement propagée cette pathologie tant redoutée. Alors que des prélèvements d'organes d'animaux suspects ont été opérés à des fins d'analyses confiées à l'Institut Pasteur d'Alger, les mêmes services ont pris les mesures requises en vue de circonscrire la maladie et d'éviter sa propagation aux daïras limitrophes, situées de part et d'autre de l'oued Chéliff. Des contrôles rigoureux sont opérés au niveau des souks et des abattoirs de la région. Une situation qui, relayée par la rumeur, suscite tourmente et désillusion chez les éleveurs, maquignons et autres spéculateurs qui comptaient énormément sur l'aubaine qu'offre la fête annuelle du sacrifice. Conséquence manifeste du désarroi, la clientèle qui, à pareille époque, faisait preuve d'une frénésie particulière quant à l'achat, plusieurs jours, voire semaines à l'avance, du bélier ou de l'agneau destiné à l'abattage, semble plus réticente et préfère patienter jusqu'au dernier moment. À l'instar d'Ahmed, ce fonctionnaire qui avait l'habitude d'acheter plusieurs semaines avant l'Aïd le bélier, dont il confiait la garde à un proche installé au douar, jusqu'à la veille de son abattage, ils sont nombreux à s'abstenir du risque d'une perte sèche. Ainsi, à la Salamandre, à Chemouma, à la cité des 800-Logements de Tigdit et Mont-Plaisir, les quatre coins de la ville de Mostaganem, que les autorités locales décrétaient exceptionnellement points de vente du cheptel ovin afin de faciliter la tâche au contrôle vétérinaire, pas le moindre vendeur ne semble enclin à ameuter la foule d'acquéreurs du mouton de l'Aïd. Pour sa part, l'éleveur cherche plutôt à se débarrasser de son cheptel qu'à le perdre “bêtement'' et sans le moindre sou. Dans les souks hebdomadaires, les maquignons et la plupart des éleveurs préfèrent occulter ce fléau advenant au mauvais moment, à l'effet de vendre leur cheptel avant que la chute des cours du mouton ne s'enclenche. M. O. T.