L'aéroport international Houari-Boumediene vibre au rythme du match Algérie-Egypte et tous les supporters y convergent dans l'espoir de monter dans l'un des avions en partance pour Khartoum. C'est une véritable course contre la montre qui est engagée par tout le monde pour assurer le transport de quelque 10 000 supporters en trois jours. Un exploit, en quelque sorte, dans la mesure où l'opération concerne tous les Algériens, mais tous les départs sont prévus à partir d'un seul aéroport. Cette affluence record, ajoutée à l'urgence de l'opération, ont fait que l'aérogare a été complètement envahie, dans la nuit de lundi à mardi, par une foule de supporters qui voulaient tous embarquer. Des vitres brisées, des panneaux publicitaires qui ont volé en éclats, quelques magasins touchés et même quelques appareils de contrôle de voyageurs (scanners) ont été endommagés. Hier, la situation s'est nettement améliorée dans la mesure où les vols pour le Soudan ont tous été transférés vers l'ancien terminal des vols domestiques, jusque-là utilisé pour le départ des hadjis. Des policiers en faction filtrent les entrées. Personne ne passe à la zone d'embarquement sans exhiber le billet d'avion. Sur place, des files d'attente des heureux supporters qui devaient embarquer sur les vols de 14 heures et de 15 heures. Dans une ambiance de fête, et sous les youyous stridents des femmes, l'opération se déroulait dans le calme. Ce n'est pas le cas au niveau du terminal international, où de nombreux supporters attendent toujours d'obtenir leur billet d'avion. Certains sont furieux : “J'ai déposé mon passeport cela fait deux jours. J'ai payé le prix du billet. J'ai dû emprunter 50 000 DA pour faire ce voyage. Mais personne n'est en mesure de me dire où se trouve mon passeport. Je passe mon temps entre le stade du 5-Juillet et l'aéroport.” Un autre supporter crie de rage : “Qu'on me rende mon passeport ! Je ne veux plus partir.” Les plus patients essayent d'être philosophes : “Ils auraient dû programmer des vols à partir de l'Est et de l'Ouest. Regardez ces jeunes venus de Tébessa et de Constantine ! Ce n'est pas possible de faire embarquer tout le monde par un seul aéroport.” L'accès à l'aéroport est quasi impossible, en voiture en raison du nombre impressionnant de supporters qui y convergent. Tous les abords sont squattés par des groupes de supporters qui essayent de garder espoir de pouvoir enfin embarquer. Une ambiance de stade règne sur les espaces verts entourant l'enceinte aéroportuaire. On se croirait vraiment au stade. Des jeunes chantent et dansent dans tous les espaces. Certains jurent en riant qu'ils ont renoncé aux fiançailles ou au mouton de l'Aïd pour aller au Soudan. Tout le personnel de l'aéroport est débordé. Chaque agent aéroportuaire qui se hasarde à l'extérieur est assailli par une nuée de supporters qui lui demandent des informations sur leurs passeports et leur billet. Des policiers s'égosillent à orienter les supporters. D'autres n'en peuvent plus, sous l'effet des masses et de la chaleur caniculaire. Il est vrai que les policiers se montrent très coopératifs et gardent le sourire, même si la tension reste vive, à mesure que les heures passent. Les policiers ont reçu des renforts des forces anti-émeutes, pour alléger un tant soi peu la pression sur les salles d'embarcation. Mais rien ne dit que, dans les heures qui viennent, les choses se dérouleraient dans le calme. Tout le monde veut partir, tout de suite et à force d'attendre sous le soleil, sans aucune commodité, des supporters sont à bout de nerfs. “Cela fait trois jours que j'attends devant l'agence Air Algérie, au stade du 5-Juillet et ici. Et je ne suis même pas sûr d'embarquer”, se lamente un jeune qui critique le manque d'informations : “Qu'est-ce qui aurait coûté aux responsables de l'aéroport et d'Air Algérie de mettre des affiches pour informer les gens. On nous renvoie d'un endroit à un autre, et chacun nous raconte une histoire.” A. B.