Combien sont les Algériens établis à l'étranger ? Environ 4 millions, répondait Mme Fatma-Zohra Bouchemla lors de la conférence-débat, organisée, hier, au centre de presse d'El Moudjahid. La cinquième parmi les dames ministres du gouvernement Ouyahia ignore, en revanche, aussi bien la situation que le nombre de nos compatriotes emprisonnés à l'étranger. “Cela ne relève pas des prérogatives de mon département. La tâche est dévolue au ministère des Affaires étrangères”, se contente-t-elle de répliquer, déclinant ainsi toute responsabilité concernant ce chapitre. La mission de ce département telle que définie par le gouvernement est pourtant bien claire. Elle ne relève plus des A. E. mais dépend directement du Premier ministère. La conférence d'hier était consacrée aux compétences nationales établies à l'étranger. Une question bien connue de tous, bien que jamais clairement formulée. La résoudre n'est donc pas une affaire aisée. Mme Bouchemla installe des commissions de réflexion, encourage l'intersectorialité pour préconiser “une nouvelle approche de mobilisation”. Elle dit œuvrer pour la captation de l'épargne de nos émigrés et insiste sur le fait que ces derniers peuvent être générateurs de richesses par le biais de l'investissement. Mais quel crédit accorder à ce discours lorsqu'on voit comment les épargnants émigrés, victimes du krach d'El Khalifa Bank, sont traités par ce gouvernement même qui ne rate aucune occasion pour faire appel à eux ? Un exemple qui n'honore en rien un pouvoir déjà en mal de crédibilité en raison d'une administration défaillante et des entraves de sa bureaucratie. Nos meilleures compétences ont déserté le pays, non seulement du fait de l'insécurité mais aussi parce qu'elles ont été privées de liberté d'être et d'agir ou carrément d'entreprendre. Une autre preuve de mépris envers cette “chère” communauté concerne cette fameuse autorisation paternelle qui devait être éliminée pour les enfants résidant à l'étranger. Beaucoup de bruit a été fait autour de cette question, contraignante à plus d'un titre, qui a fini par être tranchée, cependant, en décembre dernier. Mais, surprise ! La décision est caduque. L'explication, il faudra aller la chercher ailleurs que chez Mme Bouchemla qui, là aussi, ne fait que noyer le poisson en déclarant simplement : “Les postes frontaliers n'ont pas reçu l'instruction pour faire appliquer la décision en question !” Une réponse expéditive qui sera difficile à faire avaler aux compatriotes vivant à l'étranger. Comment peut-on les convaincre du sérieux des institutions de notre Etat lorsqu'une décision émanant de nos plus hautes autorités ne parvient pas à s'imposer sur le terrain ? À voir le peu de prérogatives réellement confiées à son ministère, on se demande si Mme Bouchemla ne règne pas sur une coquille vide, un département alibi ? N. S.